Le 21 août 2025, la Colombie a été frappée par deux attaques coordonnées d’une violence inédite, attribuées à des factions dissidentes des FARC et à des groupes liés au narcotrafic. Le bilan est lourd : 18 morts, dont 12 policiers, et plusieurs dizaines de blessés. Les autorités ont placé l’ensemble des forces armées en alerte maximale, confirmant une menace sécuritaire critique à l’approche de la présidentielle de 2026.
Jeudi après-midi, un camion chargé d’explosifs a détoné près de la base aérienne Marco Fidel Suárez, dans une zone commerçante animée de Cali, troisième ville du pays. L’explosion a tué au moins six civils et blessé plus de 60 personnes. Véhicules détruits, vitrines soufflées, scènes de panique : les images diffusées en ligne témoignent de la brutalité de l’attentat.
« Une explosion assourdissante a retenti, tout le monde s’est jeté à terre. Il y avait des morts et des blessés partout », a confié José Burbano, témoin direct du drame.
Le maire Alejandro Eder a dénoncé une attaque « narcoterroriste » et décrété la loi martiale, interdisant la circulation des camions dans le centre-ville. Une récompense de 100 000 dollars a été promise pour toute information sur les responsables. Le ministre de la Défense, Pedro Sanchez, a pointé du doigt l’Estado Mayor Central (EMC), dissidence des FARC, accusant le groupe de riposter à la répression du narcotrafic dans le canyon de Micay. Deux suspects ont déjà été arrêtés et l’armée a déployé artillerie, troupes et avions de reconnaissance pour sécuriser la zone.
Quelques heures plus tôt, dans la province d’Antioquia, un hélicoptère Black Hawk de la police nationale a été abattu par un drone piégé lors d’une opération d’éradication des cultures de coca. Douze policiers ont péri et trois autres ont été blessés, selon le gouverneur Andrés Julián Rendón.
La responsabilité de l’attaque, d’abord attribuée au Clan del Golfo, a finalement été revendiquée par une faction de l’EMC dirigée par un chef connu sous le nom de Calarca.
Le général Hugo López, commandant des forces armées, a confirmé que l’ensemble des troupes colombiennes ont été placées en état d’alerte de niveau 1, avec un renforcement massif des opérations terrestres et aériennes.
Ces attaques interviennent dix jours après l’assassinat du candidat conservateur Miguel Uribe, favori de la droite, tué le 11 août dans un autre attentat. La recrudescence des violences illustre l’échec des tentatives de paix menées par le président Gustavo Petro, élu en 2022. Les négociations avec les dissidences de l’EMC ont été rompues en 2024, et depuis, les attaques s’intensifient : en juin 2025 déjà, une série d’attentats avait fait sept morts dans le sud-ouest du pays.
Petro a réagi en qualifiant l’EMC, la Segunda Marquetalia et le Clan del Golfo d’« organisations terroristes » opérant comme une « mafia internationale ». Il a lié ces attaques à l’essor du narcotrafic, la culture de coca ayant atteint un record historique de 253 000 hectares en 2023, selon l’ONU.
Ces événements ravivent le souvenir du conflit armé qui a coûté plus de 450 000 vies en Colombie. Les critiques pointent un affaiblissement des services de renseignement, incapables d’anticiper des attaques d’une telle ampleur.