L’Algérie et l’Union Européenne se dirigent vers une confrontation économique à grande échelle, alimentée par des tensions croissantes. Le mécontentement d’Alger vis-à-vis de son association avec Bruxelles pourrait avoir des répercussions significatives sur leurs relations futures.
Depuis le début de l’année 2021, l’Algérie a adopté des politiques qui compliquent considérablement les relations commerciales avec l’UE. Parmi ces mesures, l’exigence d’un certificat Algex pour les importations, délivré selon une procédure jugée opaque par Bruxelles, et l’interdiction de certains produits comme le marbre et la céramique, accompagnée de tarifs élevés sur d’autres, sont particulièrement controversées. L’UE considère ces actions comme une violation des termes de l’accord d’association en vigueur.
Face à cette situation, le Bureau commercial de la Commission Européenne a pris l’initiative de contacter le Conseil d’association UE-Algérie le 14 juin pour condamner ces obstacles. Thomas Eckert, ambassadeur de l’UE en Algérie, a exprimé l’espoir d’une résolution pacifique des tensions pour éviter une escalade préjudiciable aux deux parties. Néanmoins, l’Algérie, représentée par son ministre du Commerce Taieb Zitouni, a maintenu une position inflexible. Ce dernier a affirmé que l’Algérie, en tant que pays souverain sans dette extérieure, rejette les « diktats » externes et défend la rationalisation des importations comme une mesure visant à stimuler la production nationale.
Pour réduire sa dépendance aux importations et diversifier son économie, traditionnellement axée sur les hydrocarbures, l’Algérie a mis en œuvre une politique de substitution des importations. Cette stratégie est perçue par l’UE comme une déviation des engagements contractuels de l’accord d’association. L’Algérie réclame désormais une révision de cet accord, qu’elle juge déséquilibré et plus favorable à l’UE, tout en mettant en lumière la faiblesse des investissements directs européens dans le pays.
Les entreprises européennes affectées par les nouvelles mesures algériennes expriment leur frustration face aux obstacles administratifs croissants. « Nous rencontrons des difficultés accrues pour poursuivre nos activités en Algérie », déplore un dirigeant d’une entreprise espagnole spécialisée dans la céramique.
En Algérie, les opinions sont partagées. Tandis que certains soutiennent les mesures gouvernementales comme une nécessité pour protéger l’industrie nationale, d’autres s’inquiètent des conséquences d’un conflit prolongé avec l’UE. « Il est crucial de trouver un équilibre entre la protection de notre économie et le maintien de bonnes relations commerciales avec nos partenaires européens », souligne un économiste algérien.
Cette confrontation s’inscrit dans un contexte de redéfinition des relations commerciales internationales. L’évolution de cette situation pourrait avoir des répercussions significatives pour les deux parties et redéfinir les contours de leurs relations économiques futures.