Trente-sept femmes ont déposé des plaintes pour viol et agression sexuelle contre Mohamed al-Fayed, l’ancien propriétaire de Harrods, décédé l’an dernier. Selon leurs avocats, d’autres plaintes pourraient suivre, accentuant l’ampleur de cette affaire.
Lors d’une conférence de presse tenue à Londres, les avocats ont décrit al-Fayed, cet homme d’affaires égyptien qui a dirigé le grand magasin de 1985 à 2010, comme un « monstre » ayant abusé de femmes et de jeunes filles tout au long de son mandat. En réaction, Harrods, aujourd’hui sous la propriété d’un fonds souverain qatari, a exprimé ses regrets et présenté des excuses publiques pour les abus de pouvoir présumés commis sous la gestion d’al-Fayed.
Les récits des victimes, recueillis dans un documentaire, décrivent un environnement de travail toxique où manipulation et violences sexuelles étaient monnaie courante. Parmi les intervenants, l’avocate Gloria Natacha, une des victimes, dépeint al-Fayed comme un « manipulateur » qui ciblait particulièrement les personnes les plus vulnérables de son entourage, mettant en lumière un phénomène alarmant et croissant.
Le fonds souverain qatari, propriétaire actuel de Harrods, s’est dit « profondément consterné » par ces allégations. Cependant, les avocats des victimes soutiennent que la direction d’Harrods était consciente de ces actes et a négligé de protéger ses employés. Ce silence et cette complaisance institutionnelle soulèvent des doutes quant à la transparence et à la volonté de l’entreprise de prendre les mesures nécessaires pour empêcher de tels abus.
Les victimes ne réclament pas seulement des dédommagements financiers, mais cherchent à briser le silence entourant ces abus. L’avocate Gloria Allred, célèbre pour sa défense des droits des victimes dans des affaires similaires, a souligné l’importance de responsabiliser les institutions. Les femmes qui se manifestent aujourd’hui, après des années de peur et de silence, expriment un besoin collectif de justice et de réformes profondes dans le traitement de ces affaires.
Cette affaire doit inciter à une réflexion sérieuse sur la gestion des accusations d’abus par les entreprises et sur les mesures prises pour garantir la sécurité de leurs employés. Harrods affirme être aujourd’hui une « organisation très différente » de celle dirigée par al-Fayed, mais cela soulève des questions sur l’efficacité réelle de ces transformations. L’instauration de mécanismes transparents pour signaler les abus et protéger les victimes demeure une nécessité absolue.
En somme, les allégations contre Mohamed al-Fayed ne se limitent pas à des accusations individuelles ; elles constituent un appel à la responsabilité des institutions et à la mise en place de réformes profondes afin que de tels abus ne puissent plus se reproduire. Les suites de cette affaire pourraient enclencher des réformes majeures, mais tout dépendra de la capacité des institutions à écouter et à prendre en compte la voix des victimes.