Le sommet annoncé entre l’Algérie, la Libye et la Tunisie, prévu en Libye, se présente comme un rendez-vous crucial dans une série de réunions consultatives régulières. L’objectif principal est de répondre aux enjeux régionaux majeurs : la sécurité des frontières, la migration irrégulière et le développement économique des zones frontalières. Si ces thèmes sont cruciaux pour les trois nations, reste à savoir si ce sommet apportera des solutions concrètes ou s’il se contentera d’affirmer de bonnes intentions, sans déboucher sur des résultats tangibles.
Sur le plan économique, les zones frontalières concernées sont souvent marginalisées, devenant des foyers de contrebande et de trafics. Le développement de ces régions est présenté comme une solution durable pour stabiliser la région et réduire les tensions sociales. Cependant, les initiatives passées ont rarement permis de surmonter les obstacles structurels : manque d’investissements, infrastructures insuffisantes et difficultés à attirer des investisseurs privés. Ce sommet peut-il réellement inverser cette tendance ou se limitera-t-il à un échange d’idées sans mécanismes de mise en œuvre concrets ?
La crise libyenne, qui alimente une grande partie de l’instabilité régionale, constitue un autre axe central. La position algérienne, en faveur d’élections pour sortir de l’impasse, se heurte aux divisions internes libyennes et aux ingérences étrangères. Bien que l’Algérie se pose en médiateur, son influence dans le processus de pacification reste limitée. La Tunisie, de son côté, confrontée à ses propres défis économiques, est également concernée par la gestion des flux migratoires irréguliers, souvent en transit vers l’Europe. Dans ce contexte, la coopération trilatérale doit dépasser le cadre des discussions pour s’engager sur des initiatives concrètes et coordonnées, en particulier dans la gestion des migrations et la sécurisation des frontières.
Le développement économique et la sécurité étant intimement liés, il est crucial que les trois pays présentent une approche commune et pragmatique pour attirer des capitaux, renforcer les infrastructures et encourager le commerce licite. Cependant, la situation politique fragile en Libye, les tensions sociales en Tunisie et les priorités sécuritaires en Algérie rendent cette coordination complexe. Il est donc légitime de se demander si ce sommet débouchera sur des actions concrètes ou s’il se transformera en une nouvelle occasion manquée, illustrant les limites de la diplomatie régionale.
En fin de compte, le succès de ce sommet dépendra de la capacité des dirigeants à transformer leurs discours en politiques économiques et sécuritaires efficaces. Sans un engagement fort pour dépasser les simples consultations politiques, ce sommet risque de devenir un énième épisode d’une diplomatie sans réelles avancées, laissant perdurer les crises qui minent cette région.