Le 13 novembre 2024, le parquet de Paris a requis cinq ans de prison, dont deux ans fermes aménageables, ainsi qu’une amende de 300 000 euros et cinq ans d’inéligibilité à l’encontre de Marine Le Pen, ancienne présidente du Rassemblement National (RN), jugée dans l’affaire des assistants parlementaires du RN. Elle est jugée aux côtés de son parti et de 24 autres prévenus. Marine Le Pen a dénoncé la « violence » et l’« outrance » de ces réquisitions.
Les réquisitions, formulées par le parquet en fin de journée, visent à sanctionner ce que les procureurs qualifient de « système organisé » mis en place entre 2004 et 2016. Selon l’accusation, des « contrats artificiels » ont été conclus pour des assistants parlementaires européens, qui, au lieu de travailler pour les députés, étaient affectés aux tâches partisanes du RN. Le système aurait permis de détourner environ 4,5 millions d’euros de fonds publics, une fraude jugée d’une ampleur et d’une durée exceptionnelle. Le parquet considère que ces pratiques ont entravé les règles démocratiques en détournant des fonds publics à des fins partisanes.
La défense, pour sa part, qualifie cette procédure de campagne d’acharnement politique, visant à empêcher Marine Le Pen de se présenter à l’élection présidentielle de 2027. Marine Le Pen elle-même affirme que le parquet cherche à priver les Français de la possibilité de choisir librement leurs représentants, tout en ruinant le parti.
Les procureurs ont détaillé un « système organisé » de détournement de fonds publics, en particulier l’utilisation des enveloppes mensuelles des députés européens. Le RN, à l’époque en difficulté financière, aurait utilisé ces fonds de manière systématique pour alléger ses charges, en concluant des contrats fictifs pour des assistants parlementaires, qui n’effectuaient aucune tâche parlementaire concrète. Le procureur Louise Neyton a insisté sur la volonté des prévenus de transformer le Parlement européen en une « vache à lait ».
Marine Le Pen et Jordan Bardella, le président du RN, ont dénoncé ces réquisitions comme une tentative de réduire l’influence politique du RN et d’entraver ses ambitions électorales. Selon Bardella, l’objectif est d’empêcher Marine Le Pen de se présenter à la présidentielle de 2027, qualifiant les réquisitions de « vengeance » et d’« atteinte à la démocratie ».
Le procès a mis en lumière les tensions entre justice et politique. L’accusation semble aller au-delà de la simple question juridique, en touchant à la capacité de Marine Le Pen à maintenir sa position sur la scène politique nationale.
Le procès devrait se poursuivre avec les plaidoiries de la défense à partir du 18 novembre 2024, et la décision du tribunal est attendue dans les mois à venir. Ce procès, en plus de son aspect judiciaire, semble également jouer un rôle important dans la bataille politique autour de l’avenir du RN et de Marine Le Pen, un contexte qui pourrait avoir des répercussions sur la politique française à long terme.