Le 19 janvier 2025, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur français, a exprimé une volonté forte de remettre en question l’accord bilatéral signé entre la France et l’Algérie en 1968, un traité qui régit les conditions d’entrée et de séjour des ressortissants algériens en France. Cet accord, qui remonte à plus de 50 ans, a accordé un statut particulier aux Algériens, facilitant leur entrée en France sans visa de long séjour et leur permettant d’obtenir rapidement un titre de séjour de dix ans. Ces privilèges, qui s’inscrivent dans un contexte post-colonial, ont permis à de nombreux Algériens de s’installer en France et de contribuer au développement économique du pays, mais aussi de soulever des questions sur l’immigration et ses conséquences sociales et économiques.
Le ministre Retailleau a justifié sa position en évoquant plusieurs incidents récents qui ont exacerbé les tensions entre les deux pays. L’un des faits marquants qu’il a cités est le refus de l’Algérie d’accueillir un influenceur algérien expulsé de France. Selon lui, cet acte constituait une violation du droit international, car l’influenceur disposait d’un passeport biométrique valide certifiant sa nationalité. Ce geste de l’Algérie, selon Retailleau, témoigne d’un manque de respect envers la France et aurait constitué une forme d’humiliation pour le pays.
Retailleau a également abordé le cas de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie pour ses opinions critiques envers le régime en place. Ce cas, symbolique d’une situation de répression de la liberté d’expression en Algérie, a alimenté les critiques françaises concernant la gestion des droits humains par le gouvernement algérien. La question de la liberté d’expression, de la dissidence politique et des droits des citoyens algériens est ainsi devenue un point de friction majeur entre les deux pays, déjà fragilisés par des divergences historiques et politiques.
Pour le ministre français, l’accord de 1968 apparaît désormais comme un vestige du passé, obsolète et inadapté aux réalités contemporaines. Selon lui, cet accord a eu des conséquences négatives, notamment en matière d’immigration. En facilitant l’entrée des Algériens en France et en leur accordant un accès privilégié au marché du travail et aux titres de séjour long duré, l’accord a alimenté une immigration qui, selon certains observateurs en France, ne correspond plus aux besoins économiques du pays. D’autre part, Retailleau estime que l’accord n’est plus adapté au contexte actuel des relations franco-algériennes, qui sont marquées par des tensions diplomatiques croissantes et des différends sur des questions telles que l’histoire coloniale et les droits humains.
Dans son discours, Retailleau a souligné la nécessité pour la France d’adopter une attitude plus ferme à l’égard de l’Algérie. Il a déclaré ce qu’il considère comme des gestes d’agression de la part d’Alger, tels que le refus de coopération sur des questions diplomatiques sensibles. Selon le ministre, la France ne peut plus se contenter de démarches conciliantes, car elle a été « blessée » par les actions de l’Algérie. Il a insisté sur l’importance d’adopter des « mesures fortes » pour rééquilibrer la relation entre les deux pays et faire comprendre à l’Algérie que la France ne se laissera pas faire face à de telles provocations. L’idée d’établir un « rapport de force » a été évoquée par Retailleau comme une réponse nécessaire pour obtenir des résultats diplomatiques satisfaisants pour la France.
Cet appel à la remise en cause de l’accord de 1968 survit dans un contexte diplomatique tendu. En plus des différends évoqués, les relations entre la France et l’Algérie sont marquées par des désaccords de longue date liés à l’histoire coloniale, notamment la guerre d’indépendance algérienne et les blessures qui en résultent. La question de la mémoire et des réparations pour les souffrances infligées pendant la période coloniale reste un sujet particulièrement sensible. La position de Bruno Retailleau reflète ainsi les tensions politiques et sociales qui sous-tendent les relations bilatérales actuelles, où certains estiment qu’il est urgent de réévaluer les accords hérités du passé pour les adapter aux réalités géopolitiques et sociales contemporaines.
L’accord de 1968, perçu par certains comme un vestige du passé, est désormais au centre des débats politiques en France. Pour certains, il s’agit d’un traité qui doit être réformé pour tenir compte des nouvelles réalités migratoires et des enjeux sécuritaires actuels. Pour d’autres, c’est un symbole d’une époque révolue et d’une relation post-coloniale complexe qu’il faut désormais réexaminer. Quoi qu’il en soit, le débat autour de cet accord met en lumière les tensions persistantes dans les relations entre les deux nations, et soulève des questions cruciales sur la manière dont la France doit ajuster sa politique d’immigration et ses relations avec l’État. ‘Algérie à une époque où les équilibres diplomatiques sont en constante évolution.