La République démocratique du Congo a de nouveau été endeuillée par une attaque d’une violence inouïe. Dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 juillet 2025, des membres armés de l’Armée démocratique alliée (ADF) – également connue sous l’acronyme ADA – ont pris d’assaut la paroisse catholique Bienheureuse-Anuarite de Komanda, dans la province de l’Ituri (nord-est du pays), tuant au moins 43 civils selon un bilan provisoire de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco). L’église et plusieurs maisons environnantes ont été incendiées, transformant ce lieu de culte en un véritable champ de ruines.
La plupart des victimes étaient des fidèles catholiques rassemblés pour préparer les célébrations religieuses du dimanche. Pris au piège dans la nuit, ils ont été massacrés à la machette ou abattus à bout portant, selon des témoignages recueillis sur place. D’autres personnes sont toujours portées disparues, et les autorités locales craignent que le bilan s’alourdisse encore.
L’attaque a visé spécifiquement des civils désarmés, réunis dans un lieu sacré. Parmi les victimes identifiées figurent 19 femmes, 15 hommes et 9 enfants, d’après les chiffres officiels de l’ONU. L’abbé Aimé Lokana Dhego, curé de la paroisse, a témoigné avec émotion : « Nous avons au moins 31 morts rien que parmi les membres du mouvement Croisade eucharistique, avec six blessés graves. Certains jeunes ont été enlevés, nous n’avons aucune nouvelle d’eux. »
La paroisse de Komanda est située à environ 60 km au sud-ouest de Bunia, chef-lieu de l’Ituri. Cette localité, carrefour stratégique vers plusieurs provinces orientales (Tshopo, Nord-Kivu, Maniema), est régulièrement la cible d’attaques armées, malgré les opérations militaires conjointes menées depuis 2021 par les forces congolaises (FARDC) et ougandaises (UPDF) sous l’opération Shujaa.
L’ADF, groupe né en Ouganda et affilié à l’État islamique depuis 2019, est responsable de centaines de massacres dans la région. Bien que militairement traqué, il conserve une forte capacité de nuisance. Selon les FARDC, cette attaque serait une vengeance ciblée contre des populations civiles, en représailles à la pression militaire subie par le groupe dans les semaines précédentes.
La Monusco a dénoncé une attaque « révoltante », contraire à toutes les normes internationales, tandis que le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a parlé d’une « effroyable attaque sur des populations innocentes ». À l’international, des condamnations fermes ont été exprimées, notamment par le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, qui a réaffirmé que « les lieux de culte doivent toujours être préservés et la liberté religieuse protégée. »
Cet acte barbare survient après une période d’accalmie relative dans l’Ituri. La dernière attaque de cette ampleur menée par les ADF remontait à février 2025 dans le territoire de Mambasa, avec 23 morts. Le drame de Komanda ravive donc les peurs et rappelle tragiquement que l’Est congolais reste, encore aujourd’hui, l’un des théâtres de violences les plus persistants et oubliés du monde.