Dans un entretien exclusif accordé à L’Opinion , le président algérien Abdelmadjid Tebboune a dressé un tableau sombre des relations entre l’Algérie et la France, soulignant l’intensification des tensions sur plusieurs fronts cruciaux. Si la question mémorielle a longtemps alimenté l’antagonisme entre les deux pays, c’est désormais la montée en flèche des désaccords diplomatiques qui semblent définir l’ère actuelle. Tebboune a mis en garde contre une rupture « irréparable » avec la France, une relation qu’il qualifie de « crise de confiance » et non simplement de diplomatique. Il a également énoncé certaines prises de position de responsables politiques français qu’il considère comme des provocations, en particulier celles venant de l’extrême droite, comme celles de Retailleau, qu’il qualifie d’incendiaires.
. Cependant, l’un des éléments les plus étonnants de l’entretien concerne la normalisation des relations de l’Algérie avec Israël. Alors que la position traditionnelle du pays a été de s’opposer fermement à toute reconnaissance de l’État israélien, Tebboune a affirmé que l’Algérie était « prête à normaliser » ses relations avec Israël. Un discours qui semble à la fois réceptif au vent de la normalisation dans la région et en même temps imprégné de scepticisme. Quant à ses résultats. Cette ambivalence crée une tension avec la politique traditionnelle de solidarité avec la Palestine et les pays arabes.
Tout au long de l’entretien, Tebboune a réaffirmé la volonté de l’Algérie de maintenir un dialogue constructif avec la France, mais a insisté sur le fait que ce dialogue ne pourrait se faire sur la base de l’arrogance ou de la méfiance. . Il a rappelé que l’Algérie n’acceptera jamais de relations déséquilibrées avec la France, soulignant que l’Algérie moderne est bien différente de celle de 1962, année de son indépendance. Le président algérien a appelé à des relations fondées sur le respect mutuel et l’égalité, rejetant toute forme d’ingérence dans les affaires internes du pays.
L’un des points les plus sensibles demeure la question de l’armistice colonial et des conséquences de la guerre d’indépendance. Tebboune a répété que les blessures de cette période ne sont pas guéries et qu’elles continuent de hanter les relations entre les deux nations. Il a exprimé des attentes claires envers la France : des excuses officielles et la reconnaissance des délits commis pendant la colonisation, en particulier en ce qui concerne les essais nucléaires menés en Algérie. Pour lui, cette question est à la fois « humaine, morale et militaire », et il insiste sur la nécessité d’une coopération pour guérir ces cicatrices du passé.
, le président algérien a affirmé qu’il n’envisageait pas une rupture totale avec la France, mais que les deux pays devraient faire preuve d’une volonté politique forte pour rétablir un climat de confiance et résoudre les différents contentieux. L’avenir des relations franco-algériennes, selon lui, repose sur une volonté partagée de mettre fin à la logique de méfiance et d’ouvrir une nouvelle page, mais cette réconciliation devra se faire sur des bases de respect et d’égalité, et non sur des rancœurs ou des compromis malhonnêtes.