Alors que la trêve en vigueur à Gaza devait permettre de nouveaux échanges de prisonniers entre Israël et le Hamas, le gouvernement israélien a décidé de suspendre la libération des prisonniers palestiniens. Cette décision a été prise en réaction aux mises en scène orchestrées par le mouvement islamiste palestinien, lors desquelles des otages israéliens ont été exhibés sur des podiums devant des foules avant d’être remis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé dans un communiqué que la libération des palestiniens détenus resterait bloquée tant que le Hamas ne cesserait pas ces pratiques qualifiées de « cérémonies humiliantes ». De son côté, le Hamas a déclaré une « violation flagrante » de l’accord de rêve et accusé Israël de ne pas respecter ses engagements.
L’accord de trêve en cours, conclu après de longues négociations sous médiation internationale, prévoyait un échange progressif de prisonniers. Jusqu’à présent, 29 otages israéliens ont été libérés par le Hamas, en échange de plus de 1 100 détenus palestiniens relâchés par Israël.
Cependant, les tensions sont montées d’un cran après la publication par le Hamas d’une vidéo montrant deux otages israéliens suppliant Benjamin Netanyahu d’accélérer leur libération. Ces images, largement diffusées, ont suscité l’indignation en Israël. Le Forum des familles d’otages a qualifié cette vidéo de « démonstration de cruauté particulièrement écoeurante ».
Depuis le début des libérations, le Hamas a systématiquement organisé des mises en scène autour du retour des otages israéliens. Lors des dernières libérations à Nousseirat, cinq otages ont été forcés d’apparaître souriants sur scène, face à une faute, avant d’être remis aux équipes de la Croix-Rouge. Ces images ont été perçues comme une tentative du Hamas d’humilier Israël et de montrer sa mainmise sur la situation.
Le Hamas utilise ces mises en scène comme un levier politique et médiatique. En montrant les otages dans des conditions où ils semblent en bonne santé et souriants, le mouvement islamiste cherche à contrer les accusations de mauvais traitements et à démontrer qu’il contrôle le processus de libération. De l’autre côté, ces images alimentent la colère et la frustration en Israël, où de nombreuses familles attendent encore la libération de leurs proches.
Cette suspension de la libération des prisonniers palestiniens a provoqué une onde de choc dans les territoires palestiniens, où de nombreuses familles espéraient le retour de leurs proches. À Ramallah, en Cisjordanie occupée, Oumm Alaa, mère d’un détenu palestinien, a exprimé sa détresse : « Notre Seigneur nous donnera la patience et nous attendrons simplement jusqu’à la libération de nos fils. »
Bassam Al-Khatib, un habitant de Khan Younès, a déclaré une injustice flagrante : « Vous avez reçu vos prisonniers de guerre, alors pourquoi retarder la remise de nos prisonniers de guerre palestiniens ? Cela fait mal au cœur, le manque d’engagement et le mépris de toutes les normes et lois internationales, ainsi que le mépris des pays qui soutiennent cet accord. »
Outre la controverse autour des mises en scène, cette crise risque de retarder encore davantage les discussions sur la deuxième phase de l’accord de trêve. Selon le Hamas, il serait prêt à libérer en une seule fois tous les otages encore détenus, en échange de la libération massive de prisonniers palestiniens et de garanties sur la fin définitive des hostilités.
Cependant, les accusations mutuelles entre Israël et le Hamas compliquent les négociations. Benjamin Netanyahu a promis de faire payer « le prix fort » au Hamas pour ce qu’il considère comme une violation « cruelle » du cessez-le-feu. De son côté, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a menacé le Hamas d’une destruction totale s’il ne libérait pas immédiatement tous les otages.
Alors que les négociations sont au point mort, la population civile palestinienne continue de subir une situation humanitaire catastrophique. Selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU, au moins 48 319 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués depuis le début de l’offensive israélienne en représailles à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, qui avait provoqué la mort de 1 215 personnes en Israël.
Dans ce contexte, l’arrêt des libérations de prisonniers palestiniens risque d’aggraver encore davantage les tensions, mettant en péril les espoirs d’une désescalade et d’un retour progressif à la paix.
Malgré la trêve en vigueur, la méfiance entre les deux partis reste immense. Chaque camp accuse l’autre de violer les termes de l’accord, et l’incapacité à s’accorder sur la libération des prisonniers pourrait remettre en question l’ensemble du processus de paix.
Si le Hamas et Israël ne parviennent pas à un compromis, le risque d’une reprise des hostilités à grande échelle devient de plus en plus réel. Dans ce jeu diplomatique où chaque geste est scruté, l’avenir des otages israéliens encore détenus et des prisonniers palestiniens en attente de libération demeure incertaine.