Depuis le dimanche 2 mars 2025, des camions chargés de provisions humanitaires s’entassent côté égyptien au poste-frontière de Rafah, bloqués par une décision israélienne d’interdire tout accès à la bande de Gaza. Cette mesure, qui suscite une indignation mondiale, a valu à Israël des accusations de violation du droit humanitaire de la part de l’Égypte et du Qatar, qui dénoncent une stratégie d’affamement délibéré des Gazaouis.
Israël a motivé cette fermeture totale des accès par une volonté de contraindre le Hamas à respecter le cessez-le-feu, dont la première phase, négociée avec l’aide des États-Unis, du Qatar et de l’Égypte, s’est éteinte le 1er mars sans accord pour la suite. Selon Benjamin Netanyahu, cette restriction vise à empêcher le Hamas de s’approprier l’aide au détriment des civils. Le Premier ministre israélien a promis des « mesures supplémentaires » si la trêve n’est pas prolongée.
Cette annonce intervient alors que la première étape de l’accord, effective depuis le 19 janvier, devait garantir un accroissement de l’aide à Gaza. La deuxième phase, impliquant la libération d’otages et un retrait militaire israélien, reste en suspens, faute de consensus.
Le chef de la diplomatie égyptienne, Badr Abdelatty, a fermement condamné cette politique : « Instrumentaliser l’aide pour punir et affamer une population est intolérable et bafoue ouvertement le droit international. » Il a pressé toutes les parties à honorer leurs engagements et à rouvrir les voies d’approvisionnement. Le Qatar, également médiateur, a emboîté le pas, accusant Israël de chercher à étrangler Gaza par la faim.
Les deux nations insistent sur l’urgence de reprendre les livraisons humanitaires pour éviter une catastrophe encore plus grave dans l’enclave assiégée.
Le Hamas, de son côté, a fustigé une tentative israélienne de torpiller le cessez-le-feu. Dans une déclaration cinglante, le mouvement a qualifié ce blocus de « chantage abject » et de « crime de guerre », affirmant avoir respecté ses engagements et proposé un plan pour la deuxième phase, rejeté par Israël. Netanyahu a répliqué en jugeant les exigences du Hamas « irrecevables » pour une trêve définitive.
Pour sortir de l’impasse, Washington a suggéré de prolonger la première phase jusqu’au Ramadan et à la Pâque juive, fin avril. Cette proposition inclut la libération rapide de la moitié des otages encore captifs à Gaza, le reste devant suivre dans le cadre d’un accord de paix durable. Mais cet espoir reste fragile, aucune des parties n’ayant donné son aval.
L’ONU, par la voix d’Antonio Guterres, a exigé la réouverture immédiate des accès à l’aide et la libération des otages, mettant en garde contre une reprise des combats. Le Comité international de la Croix-Rouge a dénoncé une « punition collective » illégale. En Égypte, des parlementaires ont vilipendé Israël, Ilaria Haris qualifiant ce blocus de « preuve de la cruauté persistante » d’un régime qui défie les traités internationaux. Mohamed Al-Badri a salué les efforts d’Abdel Fattah al-Sisi pour préserver la trêve et protéger les Palestiniens d’un exode forcé.
Avec ce blocus, Gaza s’enfonce davantage dans une crise humanitaire déjà critique. Les organisations de défense des droits humains alertent sur un risque de désastre imminent pour des millions de civils. La région entière pourrait en pâtir si aucune solution n’émerge rapidement.
Alors que les camions restent à l’arrêt à Rafah, la pression internationale s’intensifie, mais les perspectives de résolution demeurent incertaines.