Dans un développement récent, l’Organisation des Nations unies (ONU) a annoncé lundi que le personnel international retenu par les rebelles houthis dans leur complexe à Sanaa, la capitale du Yémen sous contrôle des insurgés, est désormais libre de se déplacer à l’intérieur du bâtiment. Cette annonce fait suite à une prise d’otages survenue samedi, impliquant 20 employés de l’ONU, parmi lesquels Peter Hawkins, le représentant britannique de l’Unicef au Yémen. Par ailleurs, les cinq membres du personnel national, arrêtés depuis le 18 octobre, ont été entièrement libérés, marquant une avancée dans cette crise.
Ces derniers mois, les Houthis ont intensifié leurs actions contre le personnel humanitaire, notamment celui des Nations unies. Le 31 août, les rebelles avaient déjà effectué une descente dans des bureaux de l’ONU à Sanaa, détenant une dizaine d’employés sous prétexte d’accusations d’espionnage au profit des États-Unis et d’Israël. Ces allégations, jamais étayées par des preuves concrètes, ont été réitérées par le chef des Houthis, Abdelmalek al-Houthi, dans un discours télévisé la semaine dernière. Ce dernier a affirmé que ses forces avaient démantelé une prétendue « cellule d’espionnage » opérant sous couvert d’organisations humanitaires, citant explicitement le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Unicef.
Ces accusations ont suscité une vive réaction de la part de l’ONU. Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général, a qualifié ces déclarations de « dangereuses et inacceptables », soulignant qu’elles compromettent non seulement la sécurité du personnel onusien, mais également les opérations humanitaires essentielles dans un pays ravagé par plus d’une décennie de conflit. Le Yémen, en proie à une guerre civile depuis 2014, fait face à l’une des pires crises humanitaires au monde, avec des millions de personnes dépendant de l’aide internationale pour leur survie.
La détention de membres du personnel de l’ONU, y compris des hauts responsables comme Peter Hawkins, soulève des inquiétudes quant à la capacité des agences humanitaires à opérer efficacement dans les zones sous contrôle houthi.
L’ONU a appelé à plusieurs reprises à la libération immédiate et sans condition de son personnel, tout en dénonçant les tentatives des Houthis de lier les activités humanitaires à des opérations de renseignement. Ces accusations, qui visent à discréditer les efforts des organisations internationales, risquent d’aggraver la méfiance envers les travailleurs humanitaires et de réduire l’accès de l’aide aux populations dans le besoin. En outre, les restrictions imposées par les Houthis, combinées aux défis logistiques et aux combats persistants, compliquent davantage la distribution de l’aide dans un pays où les infrastructures de base, comme les hôpitaux et les écoles, ont été largement détruites.
La communauté internationale, y compris les États-Unis et les Nations unies, a condamné les actions des Houthis, exhortant à un respect strict des principes humanitaires, notamment la protection des travailleurs humanitaires.
Pour l’ONU, la priorité reste la sécurité de son personnel et la continuité des opérations humanitaires. Les discussions avec les autorités houthies, bien que difficiles, seront essentielles pour garantir un accès sans entrave aux populations vulnérables. Parallèlement, la communauté internationale devra redoubler d’efforts pour trouver une solution politique au conflit yéménite, seule voie viable pour mettre fin à la crise humanitaire et permettre une reconstruction durable du pays