Les cours du pétrole ont connu une légère remontée ce jeudi, illustrant à quel point le marché reste tributaire des décisions politiques et des soubresauts géopolitiques. À l’ouverture des marchés asiatiques, le Brent a gagné 6 cents (+0,09 %) à 66,18 dollars le baril, tandis que le WTI avançait de 7 cents (+0,11 %) à 62,34 dollars. Une hausse modeste, mais significative : les investisseurs naviguent à vue dans un climat où chaque décision étatique peut renverser les équilibres.
Les signaux émanant de l’OPEP+ ajoutent à la confusion. Des discussions sur une possible hausse de la production en juin inquiètent les marchés, qui redoutent un excès d’offre. Dans le même temps, les négociations entre les États-Unis et l’Iran font craindre le retour du brut iranien sur le marché international. Deux dynamiques qui, à elles seules, suffisent à semer l’incertitude.
Ici, les fondamentaux économiques s’effacent derrière les logiques diplomatiques. L’abondance ou la rareté du pétrole ne dépendent plus uniquement de l’offre et de la demande, mais de décisions stratégiques prises dans les capitales.
Washington joue un rôle central dans cette valse des incertitudes. La Maison Blanche laisse entendre qu’une réduction de moitié des droits de douane sur les produits chinois pourrait relancer les relations commerciales avec Pékin. Mais la posture reste ambiguë : le Trésor se montre ouvert, tandis que la Maison Blanche tempère toute annonce précipitée.
Ces allers-retours brouillent les cartes et contribuent à une volatilité exacerbée. Le marché ne réagit plus seulement aux données de production ou aux stocks, mais aux moindres inflexions de discours politique.
Le revirement du secrétaire à l’Énergie, Chris Wright, incarne cette confusion. Il y a à peine dix jours, il vantait la résilience du schiste, capable selon lui de produire à 50 dollars le baril. Aujourd’hui, il affirme que ce prix n’est plus viable pour les producteurs. Ce changement brutal reflète un secteur pris en étau entre promesses politiques, réalités budgétaires et attentes des investisseurs.
Avec une chute récente de 10 dollars sur le mois, le secteur américain réclame clarté et stabilité. Mais dans un climat aussi imprévisible, ni la production ni les investissements ne peuvent suivre un cap cohérent.
Un marché sans repères
Entre les hésitations de l’OPEP+, les retournements de l’administration américaine, les tractations nucléaires avec l’Iran, et les signaux commerciaux contradictoires avec la Chine, le marché pétrolier se retrouve désorienté. Il ne suit plus une logique linéaire, mais absorbe une succession de chocs exogènes d’origine purement politique.
Dans cette configuration, les courbes de prix deviennent les thermomètres d’un monde instable. Le pétrole ne se négocie plus seulement en dollars ou en barils, mais aussi en déclarations, en menaces, en gestes diplomatiques et en tweets officiels.