Environ 29 millions de Canadiens se rendent aux urnes ce lundi à l’occasion des élections anticipées convoquées dans un contexte économique difficile et sous la pression de déclarations pour le moins surprenantes venues des États-Unis. Alors que le scrutin s’ouvrait, le président américain Donald Trump a relancé, sur son réseau Truth Social, son appel à intégrer le Canada en tant que 51ᵉ État des États-Unis.
La campagne électorale a été dominée par les enjeux liés au coût de la vie, avec une inflation persistante qui pèse lourdement sur les ménages canadiens. Deux principaux prétendants briguent la direction du pays : le Premier ministre sortant, Mark Carney, leader du Parti libéral, et son rival conservateur, Pierre Poilievre.
Dans ce contexte tendu, la perspective de nouvelles barrières commerciales avec les États-Unis, agitées par Trump, inquiète profondément une économie canadienne dont 75 % des exportations dépendent du marché américain. Les deux candidats ont promis d’accélérer les négociations pour sécuriser un nouvel accord de libre-échange bilatéral.
Les propos de Donald Trump ont eu un impact inattendu sur la campagne. Dès le jour du scrutin, il a réitéré son appel à faire du Canada une extension des États-Unis :« Regardez comme ce territoire serait magnifique. Accès libre et SANS FRONTIÈRE », a-t-il écrit sur Truth Social.
Face à cette provocation, Mark Carney a fermement répondu sur X (anciennement Twitter) :« C’est le Canada, et c’est nous qui décidons de ce qui se passe ici. »
Pierre Poilievre, bien que critique de Carney sur d’autres sujets, a adopté une posture similaire, appelant Trump à respecter la souveraineté canadienne :« Le Canada sera toujours fier, souverain et indépendant. Il ne sera JAMAIS le 51ᵉ État », a-t-il martelé.
En réaction aux ingérences verbales venues de Washington, les Canadiens ont massivement participé au vote anticipé : plus de 7,3 millions de bulletins avaient déjà été déposés avant même l’ouverture des bureaux de vote. De nombreux citoyens ont également exprimé leur mécontentement en boycottant les produits américains et en annulant leurs voyages aux États-Unis.
Selon les derniers sondages, les libéraux de Carney, donnés perdants il y a encore quelques semaines, semblent bénéficier d’un regain de soutien de la part d’un électorat galvanisé par le désir de défendre la souveraineté nationale. À l’inverse, la campagne de Poilievre, jugée trop populiste et trop proche du style « trumpiste », semble avoir perdu du terrain à l’approche du scrutin.
Au-delà de l’affrontement partisan, ces élections décideront non seulement de la politique économique future du pays, mais aussi de son positionnement sur la scène internationale face à une Amérique plus imprévisible que jamais.
Dans un contexte où l’identité et la souveraineté nationale sont redevenues des thèmes centraux, les Canadiens ont aujourd’hui entre leurs mains l’avenir d’un pays résolument attaché à son indépendance.