Les marchés pétroliers ont connu une séance agitée lundi, le Brent et le West Texas Intermediate (WTI) chutant de près de 2 % sous la pression combinée des craintes persistantes sur la demande mondiale, des signaux encourageants autour du dossier nucléaire iranien, et des répercussions de la guerre commerciale sino-américaine.
Selon l’agence Reuters, les échanges matinaux ont vu, les contrats à terme sur le Brent cédaient 1,60 %, à 65,80 dollars le baril, tandis que le WTI reculait de 1,59 % à 62,02 dollars. À la clôture des marchés, le Brent affichait une baisse quotidienne de 1,51 %, et le WTI de 1,54 %, soulignant la nervosité grandissante des investisseurs.
La tension commerciale entre Washington et Pékin s’est encore exacerbée lundi. Zhao Chenxin, directeur adjoint de la Commission nationale pour le développement et la réforme, a dénoncé les tactiques américaines : « Ils inventent des arguments de toutes pièces, intimident et reviennent sur leurs paroles. » Cette réaction faisait suite aux déclarations de Donald Trump, affirmant que les États-Unis ne réduiraient pas les droits de douane sans « concessions substantielles » de la Chine.
Les analystes redoutent que l’impasse actuelle ne se prolonge, plombant la croissance économique mondiale. Selon Rystad Energy, un conflit commercial prolongé pourrait diviser par deux la croissance de la demande chinoise de pétrole, provoquant une chute massive des prix.
Le dossier iranien ajoute une couche supplémentaire d’incertitude. Ce week-end, selon un haut responsable américain cité par Reuters, de « nouveaux progrès » auraient été réalisés dans les discussions nucléaires avec Téhéran, renforçant l’espoir d’un accord sur la non-militarisation du programme iranien. Une telle avancée pourrait conduire à un assouplissement, voire à une levée des sanctions, faisant craindre un afflux supplémentaire de pétrole iranien sur les marchés déjà fragiles.
Cependant, Israël s’oppose fermement à toute forme de compromis. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a exigé que toute l’infrastructure nucléaire iranienne soit totalement démantelée, allant bien au-delà de la simple garantie de non-militarisation. Malgré cette pression, Donald Trump a assuré vendredi dernier que les États-Unis n’étaient pas « entraînés » par les exigences israéliennes, indiquant la volonté de Washington de poursuivre ses discussions.
Pendant ce temps, l’OPEP+ lutte pour maintenir sa cohésion interne. À quelques jours d’une réunion cruciale, l’Arabie saoudite et la Russie suggèrent d’accroître la production pour stabiliser les marchés, au grand dam d’autres membres plus réticents. « Le sentiment de marché s’est nettement détérioré depuis nos dernières prévisions », souligne Aldo Spanjer de BNP Paribas, qui anticipe désormais un Brent pouvant descendre à 60 dollars le baril au deuxième trimestre 2025.
Les marchés sont également sous la pression d’indicateurs économiques mondiaux décevants. Les récentes révisions à la baisse des perspectives de croissance en Europe et en Asie, associées aux incertitudes sanitaires persistantes, pèsent lourdement sur les prévisions de consommation de pétrole.