Le dimanche 18 mai 2025, un attentat-suicide a frappé de plein fouet la base militaire de Damanyo, située dans le quartier de Hodan à Mogadiscio, la capitale somalienne. L’attaque, d’une violence inouïe, s’est produite alors que des centaines de jeunes hommes faisaient la queue pour s’inscrire à une campagne de recrutement de l’armée nationale somalienne. L’auteur de l’attentat, déguisé en militaire, s’est fondu dans la foule avant de déclencher sa ceinture explosive. Le bilan est lourd : au moins 21 morts, dont 15 recrues, 5 civils, et le kamikaze lui-même, ainsi qu’une quinzaine de blessés, dont plusieurs grièvement atteints.
Sur les lieux, des scènes de chaos et de détresse ont immédiatement suivi l’explosion. Des témoins oculaires ont décrit des corps projetés au sol, des chaussures abandonnées et des lambeaux de vêtements éparpillés. Les forces de sécurité ont rapidement bouclé le périmètre, tandis que les ambulances transportaient les blessés vers les hôpitaux militaires de la capitale.
L’attaque a été revendiquée quelques heures plus tard par le groupe terroriste Al-Shabaab, lié à Al-Qaïda, qui a affirmé avoir visé une opération de recrutement d’« agents du régime apostat ». Ce groupe extrémiste, actif en Somalie depuis plus de quinze ans, continue de défier les autorités somaliennes et leurs partenaires internationaux malgré des campagnes militaires répétées pour l’affaiblir.
Cet attentat survient dans un climat déjà tendu sur le plan sécuritaire. La veille, le colonel Abdirahmaan Hujaale, commandant du bataillon 26, avait été assassiné dans la région centrale de Hiiran. Cette exécution ciblée relance les craintes quant à une infiltration grandissante d’Al-Shabaab au sein même des structures militaires et sécuritaires du pays. Plusieurs analystes estiment que le groupe exploite les divisions internes et le manque de coordination entre les différentes forces armées somaliennes pour mener des actions meurtrières avec une efficacité redoutable.
Face à cette nouvelle tragédie, la réaction politique n’a pas tardé. Le président somalien Hassan Sheikh Mohamud a convoqué en urgence le Conseil national de sécurité. Dans une déclaration télévisée, il a promis que « les auteurs de cet acte ignoble paieront un lourd tribut » et a appelé les jeunes Somaliens à ne pas céder à la peur. Cependant, de nombreuses voix au sein de l’opposition ont critiqué l’échec persistant des autorités à sécuriser des sites aussi sensibles que les centres de recrutement militaire.
La communauté internationale a également condamné l’attentat. L’Union africaine, qui soutient militairement la Somalie par le biais de la Mission de transition en Somalie (ATMIS), a exprimé sa solidarité avec le peuple somalien et rappelé son engagement à lutter contre le terrorisme dans la région. De leur côté, les États-Unis, l’Union européenne et plusieurs ONG ont renouvelé leurs appels à renforcer la formation, la surveillance et l’équipement des forces armées somaliennes.