Selon un rapport récent de Bloomberg, l’Arabie saoudite pousse l’OPEP+ à accélérer l’augmentation de la production pétrolière dans les mois à venir afin de reconquérir rapidement des parts de marché perdues. Ce tournant dans la stratégie de l’OPEP+ reflète un changement profond. Car Riyad privilégie désormais la quantité produite au maintien des prix élevés, ce qui bouleverse l’équilibre mondial du marché pétrolier.
Pour l’économie algérienne, cette situation est un choc brutal. Dépendante à plus de 95 % des hydrocarbures pour ses exportations et reposant sur un baril à environ 75 dollars pour équilibrer son budget, l’Algérie se trouve particulièrement vulnérable. Alors que le pays espérait stabiliser sa croissance et sa cohésion sociale grâce à un prix du pétrole relativement élevé, il est aujourd’hui piégé dans un jeu géopolitique où sa voix au sein de l’OPEP+ reste marginale face à la détermination saoudienne.
La guerre des prix relancée par Riyad, visant à saturer le marché mondial, maintient les prix du pétrole à un niveau bas, réduisant mécaniquement les revenus pétroliers algériens. Les conséquences sont lourdes : les recettes fiscales de l’État diminuent, limitant sa capacité à financer les dépenses publiques, les projets d’investissement et les services sociaux. Parallèlement, les réserves de change, déjà mises à rude épreuve, risquent de fondre rapidement, menaçant la stabilité financière du pays.
Après des années de réduction volontaire de la production pour soutenir les prix, l’Arabie saoudite a opté pour une augmentation rapide de l’offre. Malgré des appels, notamment de la Russie, de l’Algérie et d’Oman, à ralentir la cadence afin de préserver la stabilité des prix, Riyad a obtenu gain de cause.
L’augmentation de la production – de plusieurs centaines de milliers de barils par jour – se poursuivra donc, accélérant le retour à la pleine capacité de production de l’OPEP+ plus tôt que prévu. Ce changement stratégique vise clairement à écraser la concurrence et à récupérer des parts de marché, notamment face aux producteurs américains de pétrole de schiste.
Pour l’Algérie, la poursuite de cette politique saoudienne est un facteur d’instabilité majeur, d’autant que le pays ne dispose pas des ressources financières suffisantes pour absorber durablement les chocs. La prochaine réunion de l’OPEP+ en juillet s’annonce donc cruciale, mais les divergences persistantes entre Riyad, qui pousse à la hausse de la production, et Moscou, plus prudent, ne laissent guère espérer un compromis rapide.