L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a tiré la sonnette d’alarme mardi 24 juin après une attaque meurtrière contre l’hôpital Al-Mujlad, situé dans l’État du Kordofan occidental, au Soudan. Selon le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, plus de 40 personnes ont été tuées, dont des enfants et du personnel médical. L’établissement se trouvait à proximité de la ligne de front entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR), dans un conflit qui ne cesse de s’intensifier.
Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre civile destructrice opposant l’armée nationale aux FSR. Selon les Nations Unies, le bilan humain dépasse déjà les 20 000 morts et 15 millions de déplacés et réfugiés, faisant du pays l’un des épicentres de la crise humanitaire mondiale.
L’attaque contre l’hôpital Al-Mujlad, survenue samedi dernier, constitue l’un des épisodes les plus sombres de cette guerre. L’OMS a confirmé que six enfants et cinq membres du personnel de santé figuraient parmi les victimes. L’hôpital a été gravement endommagé, compromettant l’accès aux soins dans une zone déjà ravagée par les combats.
Selon l’organisation « Emergency Lawyers », l’attaque aurait été perpétrée à l’aide d’un drone militaire opéré par l’armée soudanaise, une accusation que cette dernière rejette catégoriquement. Les FSR, de leur côté, ont également été mises en cause. Les deux parties se renvoient la responsabilité, mais l’essentiel est ailleurs : frapper un hôpital en pleine guerre constitue une violation manifeste du droit international humanitaire.
Les hôpitaux, tout comme le personnel médical et les patients, sont protégés par les Conventions de Genève. Leur ciblage constitue un crime de guerre. Pourtant, depuis le début du conflit, plus de 80 % des établissements de santé sont hors service dans certaines régions, selon des rapports documentés par les ONG sur place.
La dégradation du système de santé n’est qu’un des nombreux volets d’une catastrophe humanitaire globale. L’UNICEF et l’ONU alertent depuis plusieurs mois sur l’effondrement des services de base, les pénuries alimentaires, la propagation incontrôlée des maladies, et l’impossibilité croissante pour les ONG d’opérer dans le pays. Des millions de Soudanais sont désormais en situation de détresse absolue.
Face à cette tragédie, Tedros Ghebreyesus a lancé un appel pressant à la fin immédiate des attaques contre les infrastructures sanitaires :
« Nous ne saurions être plus clairs : les attaques contre les établissements de santé doivent cesser partout ! »
Cet appel a été relayé par de nombreuses organisations humanitaires, dont Human Rights Watch et l’UNICEF, qui exhortent toutes les parties au respect du droit international, à la protection des civils, et à l’ouverture de couloirs humanitaires.
À l’heure où les populations civiles paient le prix fort d’un conflit qui s’enlise, l’attaque contre l’hôpital Al-Mujlad illustre tragiquement l’inhumanité d’une guerre sans règles. L’indignation internationale croît, mais sur le terrain, ce sont les soignants, les enfants et les familles vulnérables qui tombent — parfois, dans le silence du monde.