Madrid, 5 juillet 2025 – Confronté à une série de scandales éclaboussant ses cadres, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a pris une décision radicale : tout membre du parti ayant recours à la prostitution sera désormais expulsé. Cette mesure disciplinaire inédite a été adoptée ce samedi lors d’une réunion sous tension du comité fédéral du parti, convoqué d’urgence à Madrid.
« Solliciter, accepter ou obtenir un acte sexuel en échange d’une rémunération » entraînera la sanction maximale, soit l’expulsion du parti, indique le communiqué officiel du PSOE, alors que la formation du président du gouvernement Pedro Sánchez traverse l’une des pires crises de sa gouvernance.
La décision intervient après l’incarcération, le 30 juin, de Santos Cerdán, ex-numéro trois du parti, mis en examen pour corruption, trafic d’influence, et usage de services de prostituées dans le cadre d’un vaste réseau de marchés publics truqués. Ce coup de tonnerre judiciaire a été suivi de la démission précipitée de Francisco Salazar, un proche conseiller de Pedro Sánchez, soupçonné de comportements sexuels inappropriés envers des collaboratrices du parti.
Autre figure visée dans le sillage de cette enquête : José Luis Ábalos, ancien ministre socialiste des Transports, et soutien historique de Sánchez.
Face à ce que certains médias espagnols qualifient de « tempête éthique », le chef du gouvernement a voulu marquer un tournant :« Si nous considérons que le corps d’une femme n’est pas à vendre, il ne peut y avoir de place au sein de notre parti pour aucun comportement contraire à cette conviction », a affirmé Pedro Sánchez devant les cadres réunis à Madrid.
Santos Cerdán a été remplacé à la direction par Rebeca Torró, avocate de 44 ans, qui a occupé plusieurs fonctions dans la région de Valence et au gouvernement central.
Dans un contexte de fragilisation politique, Pedro Sánchez reste ferme. Malgré la pression, il a écarté toute idée de démission.
« Le capitaine ne quitte pas le navire en pleine tempête. Il reste à la barre », a-t-il martelé, tout en présentant 13 nouvelles mesures de lutte contre la corruption au sein du PSOE, allant du renforcement des mécanismes d’alerte interne à la transparence sur les contrats publics.
Mais les enquêtes en cours — qui impliquent désormais son épouse, son frère et même le procureur général — menacent de miner davantage sa légitimité et de fragiliser l’autorité morale du parti.
Alors que les élections régionales approchent dans plusieurs communautés autonomes, le Parti socialiste affronte une crise de confiance majeure, dénoncée par ses adversaires comme un échec de la gouvernance éthique. Plusieurs figures de la gauche appellent à un réarmement moral, tandis que des voix internes réclament une refondation du parti sur des bases plus rigoureuses.