Les récentes annonces du ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, concernant la suppression des privilèges diplomatiques accordés à plusieurs hauts dignitaires algériens en France ont ravivé les tensions entre Paris et Alger. Cette décision, présentée par le gouvernement français comme une réponse au refus d’Alger de reprendre certains ressortissants expulsés, s’inscrit dans une stratégie claire de durcissement des relations bilatérales, qui pourrait marquer un tournant majeur.
Du côté français, Bruno Retailleau justifie ces mesures en dénonçant l’« obstination » algérienne à ne pas respecter ses engagements de reprise, ainsi qu’une politique migratoire qu’il qualifie de « déformée » par des accords « datés » comme celui de 1968. Selon lui, ces accords ont longtemps offert aux ressortissants algériens des facilités excessives, tant en matière de regroupement familial que d’accès aux prestations sociales, ce qui, à ses yeux, n’est plus tenable dans le contexte actuel.
La France a donc décidé de réduire drastiquement les facilités de circulation et les privilèges dont bénéficiaient environ 80 dignitaires algériens vivant sur son territoire. Cette restriction concerne notamment leurs déplacements et les conditions de séjour, témoignant d’un durcissement manifeste de la posture française. Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, a souligné que cette démarche s’inscrit dans un rapport de force destiné à pousser Alger à coopérer davantage.
En Algérie, la riposte ne s’est pas fait attendre. La mesure a été perçue comme une provocation politique et un affront à la souveraineté nationale. Sur les réseaux sociaux, des personnalités comme le politologue Abed Charef ont dénoncé cette « instrumentalisation » et invité le gouvernement français à justifier ses accusations, promettant de mettre au jour les véritables privilèges dont il est question. Les médias publics algériens, ainsi que plusieurs parlementaires d’origine algérienne en France, ont qualifié Retailleau d’« agitateur » et dénoncé une offensive ciblée contre la communauté algérienne.
Ce durcissement intervient dans un contexte de tension croissante entre les deux pays, où la défiance et les reproches mutuels se multiplient. La menace implicite d’une remise en cause des accords bilatéraux historiques, qui régissent notamment l’immigration et la coopération administrative, fait craindre une crise prolongée aux impacts lourds sur les relations diplomatiques et humaines.
Alors que Bruno Retailleau tente de marquer sa différence sur la scène politique française en adoptant une ligne plus ferme, cette stratégie de « riposte graduée » pourrait au contraire aggraver la fracture avec l’Algérie, fragilisant un lien ancien et déjà mis à mal. Dans ce climat d’hostilité grandissante, les perspectives d’apaisement semblent lointaines, laissant planer un avenir incertain pour la coopération franco-algérienne.