Mali – À Ménaka, le 31 octobre 2025, un convoi blindé émirati récupère trois otages de haut rang après 38 jours de captivité. En contrepartie, les Émirats arabes unis transfèrent 50 millions de dollars en liquide à Iyad Ag Ghali, leader d’Al-Qaïda au Sahel, complétés par 11 à 20 millions en munitions et la remise en liberté de 25 jihadistes. Cet accord global dope l’expansion du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM/JNIM) jusqu’au Bénin et érige le mouvement en puissance quasi étatique, dotée d’un budget de guerre intégral et d’une capacité de négociation directe avec des États souverains.
À 14 h 17, trois Toyota Hilux blindés aux vitres teintées s’arrêtent sur un ancien aérodrome militaire à 12 km de Ménaka. Le premier à sortir est Cheikh Ahmed Bin Maktoum, général émirati à la retraite, amaigri mais vivant, suivi par un cadre iranien et un conseiller émirati. Les otages sont immédiatement pris en charge par un officier des forces spéciales émiraties, escortés par deux Gulfstream G650 stationnés à Gao. En face, Ahmada Ag Bibi, émissaire d’Iyad Ag Ghali, supervise la scène, tandis que 50 combattants du GSIM en treillis neufs se tiennent en formation stricte. La séquence est filmée par drone et diffusée en direct sur Telegram, comme un message de puissance et de contrôle : le GSIM démontre sa maîtrise simultanée de la force militaire, de la logistique et de la capacité à influencer les États et la population locale.
Cette libération n’a pas de précédent et son coût est structuré en plusieurs volets parfaitement coordonnés. Sur les 70 millions de dollars totaux, 50 millions en cash ont été versés en trois temps : 5 millions en crypto-monnaie, 15 millions à Gao et 30 millions à Ménaka. À cela s’ajoutent 40 tonnes de munitions, transitant depuis la Libye via le Tchad jusqu’au Mali, comprenant mortiers de 82 mm, RPG-29 et drones FPV, renforçant considérablement la puissance de feu du GSIM. 25 cadres du GSIM, dont trois chefs de katiba, ont été libérés, consolidant les structures de commandement, tandis que des otages maliens « bonus », parmi lesquels l’ancien député Abdou Maïga, sept notables peuls et trois officiers maliens, ont également été rendus. Des passe-droits, tels que l’accès sécurisé à l’aérodrome de Gao et des facilités de déplacement en Mauritanie, complètent cet accord stratégique. Cette transaction colossale, équivalente au budget annuel du GSIM pour 2026, permet de financer recrutement, salaires, carburant, armement et logistique, transformant le groupe en armée professionnelle capable d’opérer sur l’ensemble du Sahel.
Tout remonte au 23 septembre, lorsque le général Cheikh Ahmed Bin Maktoum, cousin du prince héritier de Dubaï, est enlevé dans sa ferme de luxe de Sanankoroba, à 40 km de Bamako, couvrant 1 200 hectares et dotée d’une piste privée. À 6 h 12, un commando de 30 hommes du GSIM surgit, capture les otages dans un pick-up blindé entouré de combattants armés de HK G36 et filme l’opération en 4K depuis l’aérodrome. Cette intervention témoigne de la capacité tactique et logistique avancée du GSIM, capable de mener des opérations complexes dans des zones sensibles et de planifier des enlèvements de grande envergure.
Derrière cette opération se cache un réseau sophistiqué : Ahmada Ag Bibi (ex-Ansar Dine) agit comme négociateur principal, Sid Ahmed El Zamili (Zouleylou) supervise l’achat d’armes et entretient des liens avec la junte malienne, tandis que Mohamed El Mehri (Rougi) assure la logistique Gao–Kidal et qu’un cadre du FLA facilite les contacts avec Bamako. Le calendrier des paiements souligne la précision de l’opération
du côté des Émirats, Dubaï dément officiellement toute implication, mais l’arrivée des Gulfstream G650 à Gao trahit la réalité de leur engagement. Pour la junte malienne, la transaction soulève des accusations de complicité indirecte, notamment par la libération de 25 jihadistes. Sur l’ensemble du Sahel, le GSIM consolide son emprise : contrôle de 60 % des routes commerciales, embargo sur le carburant à Bamako et progression vers le Bénin, étendant son influence économique et militaire. Ces conséquences confirment que la libération des otages marque un tournant stratégique, transformant la prise d’otages en un véritable levier de pouvoir durable.
Fort de cette opération, le GSIM dispose désormais des moyens de transformer les otages en leviers politiques et financiers, avec des prochaines prises susceptibles d’atteindre 100 millions de dollars, incluant des citoyens américains, européens et asiatiques encore détenus. La stratégie du groupe repose sur la rentabilité maximale de la prise d’otages, renforçant à la fois son pouvoir militaire et son influence régionale.
Il s’agit du lancement officiel d’une entreprise terroriste rentable, dirigée par Iyad Ag Ghali. Avec 70 millions de dollars en poche, le GSIM n’est plus simplement un groupe armé : c’est une puissance économique et militaire régionale, capable de négocier avec des États, de financer ses opérations et d’imposer des blocus sur l’ensemble du Sahel.



























