Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a dévoilé dans la nuit de jeudi à vendredi, à la télévision nationale, la composition de son nouveau gouvernement. Attendu depuis plusieurs mois, ce remaniement intègre pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir deux personnalités de l’opposition.
La Première ministre Judith Suminwa Tuluka conserve son poste, mais deux figures politiques issues de l’opposition font leur entrée :
Adolphe Muzito, ancien Premier ministre (2008-2012) et candidat malheureux à la présidentielle de 2023 (1,13 % des voix), devient vice-Premier ministre et ministre du Budget.
Floribert Anzuluni, chef d’un petit parti d’opposition et lui aussi candidat en 2023 (0,08 %), prend les commandes du ministère de l’Intégration régionale.
La nouvelle équipe compte 53 ministres, contre 54 auparavant. Près des trois quarts des titulaires conservent leur portefeuille, à l’image de Patrick Muyaya (Communication) et Thérèse Kayikwamba (Affaires étrangères).
Certains ministres changent toutefois de fonction, Ève Bazaiba passe de l’Environnement aux Affaires sociales, remplacée par Marie Nyange, tandis qu’Aimé Boji quitte le Budget pour le ministère de l’Industrie.
Le remaniement marque également l’entrée de nouvelles figures au sein de l’exécutif. Eliezer Tambwe hérite du poste stratégique de ministre délégué à la Défense, Guillaume Ngefa prend la tête du ministère de la Justice en remplacement de Constant Mutamba, poursuivi pour détournement de fonds publics, tandis que Grâce Emie Kutino, figure du milieu évangélique, se voit confier le portefeuille de la Jeunesse.
Ce remaniement survient après des « consultations politiques » engagées en début d’année et dans un climat tendu. L’est du pays, riche en ressources minières, reste en proie à des violences persistantes depuis plus de 30 ans. Les affrontements se sont intensifiés ces derniers mois avec l’offensive du M23 et de l’armée rwandaise, qui ont brièvement pris Goma et Bukavu au début de l’année 2025.
Les violences ont causé des milliers de morts et déplacé des centaines de milliers de personnes, aggravant une crise humanitaire déjà alarmante.
Réélu en décembre 2023 avec plus de 73 % des voix, Félix Tshisekedi dispose d’une large majorité parlementaire grâce à son alliance de l’Union sacrée (près de 90 % des sièges).
L’ouverture à l’opposition pourrait être interprétée comme un geste d’apaisement, mais aussi comme une stratégie politique visant à renforcer la stabilité dans un pays en quête de solutions durables à ses défis sécuritaires.