Le 23 août 2025, la Syrie a annoncé le report des élections parlementaires prévues du 15 au 20 septembre dans trois provinces clés – Suwayda, al-Hassakeh et al-Raqqa – en raison de « problèmes de sécurité », selon Hassan al-Daghim, porte-parole de la Haute Commission électorale. Cette décision, prise huit mois après la chute de Bachar al-Assad, illustre les défis colossaux auxquels fait face le nouveau gouvernement dirigé par le président par intérim, Ahmed al-Sharaa, dans sa tentative de stabiliser un pays fracturé par plus de 14 ans de guerre civile.
Ces élections, les premières depuis l’éviction d’al-Assad en décembre 2024, marquent une étape essentielle dans la reconstruction politique de la Syrie. Al-Sharaa, ancien chef d’une alliance de rebelles islamistes, a dissous en janvier 2025 le Parlement dominé par le parti Baas d’al-Assad et promulgué en mars une Constitution intérimaire instaurant une période de transition de cinq ans. Un décret présidentiel, ratifié plus tôt cette semaine, établit un système électoral temporaire où al-Sharaa nomme un tiers des 210 membres de l’Assemblée, tandis que les deux tiers restants doivent être élus par des comités locaux supervisés par une commission électorale de dix membres.
Cependant, ce processus a suscité de vives critiques. Les détracteurs, notamment dans les régions à majorité kurde et druze, dénoncent une concentration excessive du pouvoir entre les mains d’al-Sharaa et un manque de représentativité des diverses communautés ethniques et religieuses du pays. Le report des élections dans trois provinces stratégiques amplifie ces tensions, mettant en lumière les fractures territoriales et sécuritaires qui persistent.
Le report concerne Suwayda, un bastion de la minorité druze dans le sud, ainsi que les provinces septentrionales d’al-Hassakeh et d’al-Raqqa, sous contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition dominée par les Kurdes. À Suwayda, des violences intercommunautaires meurtrières en juillet 2025 ont exacerbé les tensions, rendant l’organisation d’élections impossible dans un climat d’insécurité et d’accès limité. Dans al-Hassakeh et al-Raqqa, la situation est compliquée par les relations tendues entre l’administration autonome kurde, qui revendique une gouvernance décentralisée, et le gouvernement central de Damas, qui rejette ces aspirations.
Nawar Najmeh, membre de la commission électorale, a précisé que des sièges seraient « réservés » pour ces provinces, en attendant que les conditions sécuritaires permettent la tenue des élections. « Le processus ne peut avoir lieu que dans des territoires contrôlés par l’État », a-t-il ajouté, soulignant l’incapacité actuelle du gouvernement à imposer son autorité dans ces régions.
La décision d’al-Sharaa de nommer un tiers des parlementaires suscite des accusations d’autoritarisme, tandis que l’exclusion temporaire de trois provinces risque d’aliéner davantage les communautés druzes et kurdes, déjà marginalisées sous le régime précédent.