Une attaque israélienne menée mardi 9 septembre contre une délégation du Hamas à Doha, au Qatar, a échoué à atteindre ses principales cibles, mais a provoqué la mort de six personnes, dont cinq membres du mouvement palestinien et un garde qatari. L’événement, d’une rare intensité diplomatique, a déclenché une vague de condamnations régionales et internationales.
Selon un communiqué du Hamas, l’armée israélienne a frappé un quartier résidentiel de Katara, visant des hauts responsables du mouvement. Parmi les victimes figurent Jihad Labad, directeur du bureau de Khalil Al-Hayya, son fils Hamam, Abdullah Abdel Wahid, Moemen Hassouna et Ahmed Al-Mamluk.
Les dirigeants visés – Khalil Al-Hayya, chef du bureau politique du Hamas, et Zaher Jabarin, membre de la direction – ont survécu. Le mouvement affirme que la délégation se trouvait réunie pour examiner les propositions de cessez-le-feu formulées par l’administration Trump.
Pour le Hamas, cette attaque illustre la volonté du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, de torpiller toute perspective d’accord. Le mouvement accuse également Washington de complicité en raison de son soutien à Israël.
Lors d’une conférence de presse, le Premier ministre qatari, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, a dénoncé une attaque « traîtresse » constitutive de terrorisme d’État. Il a assuré que Doha « n’hésitera pas à défendre sa souveraineté et traitera fermement toute violation de sa sécurité ».
Le chef du gouvernement a révélé la formation d’une équipe juridique chargée de préparer la riposte sur le plan international, ajoutant que l’attaque israélienne était une « tentative délibérée de déstabiliser la sécurité et la stabilité régionales ».
Désignant directement le Premier ministre israélien, Cheikh Mohammed a accusé Benyamin Netanyahou de « mener la région à un niveau irréparable » et appelé à « combattre sa barbarie de manière unifiée ».
Il a souligné que le Qatar avait multiplié les efforts de médiation à la demande des États-Unis : « Malgré nos efforts, Israël a œuvré pour saboter les négociations. L’histoire retiendra cet incident et le droit international devra en tenir compte. »
Le Premier ministre qatari a enfin révélé que Donald Trump avait appelé l’émir du Qatar dans la soirée pour condamner l’attaque, précisant qu’elle « n’avait pas été coordonnée avec Washington ».
Dans un communiqué, Benyamin Netanyahou a revendiqué la frappe, assurant qu’Israël en « assume l’entière responsabilité ».
De son côté, la Maison Blanche a réagi avec fermeté : « Bombarder unilatéralement une nation souveraine et alliée, engagée dans les négociations de paix, ne sert ni les intérêts d’Israël ni ceux de l’Amérique », a déclaré Karoline Leavitt, porte-parole.
Le porte-parole qatari des Affaires étrangères, Majed Al-Ansari, a par ailleurs démenti les rumeurs selon lesquelles Doha aurait été prévenu à l’avance de l’attaque.
Selon des sources diplomatiques, l’Algérie, membre arabe du Conseil de sécurité de l’ONU, a demandé la tenue d’une réunion d’urgence à la demande du Qatar. Cette initiative a reçu le soutien du Pakistan.
La réunion doit examiner l’attaque israélienne et ses implications pour la stabilité régionale. L’affaire s’invite ainsi au cœur des discussions onusiennes, accentuant la pression internationale sur Tel-Aviv.
Cette frappe, menée sur le sol d’un État souverain considéré comme un médiateur central dans le conflit israélo-palestinien, marque un tournant. En frappant à Doha, Israël prend le risque d’élargir le champ du conflit au-delà de Gaza, en s’exposant à une confrontation diplomatique directe avec un allié des États-Unis et un acteur majeur du dialogue régional.