Téhéran, octobre 2025 – Les affiches de Pejman Jamshidi, ce « héros national » passé du ballon rond aux plateaux de cinéma, continuent de trôner comme des reliques d’un mythe intact. Pour des millions d’Iraniens, il incarne le succès, la discipline et le charme. Mais le 21 octobre 2025, tout s’effondre : une jeune femme de 21 ans dépose plainte contre lui pour viol, enlèvement et administration de drogue – un cocktail de terreur qu’elle affirme avoir subi aux mains de la superstar.
Arrêté et placé en quarantaine à la prison de Qezel-Hesar, Jamshidi n’y reste que cinq jours. Libéré sous caution le 26 octobre, il prend immédiatement un vol pour la Turquie, puis atterrit à Toronto le 31 octobre via un visa multiple canadien, officiellement pour « visiter sa famille ». Coïncidence ? Ou itinéraire bien rôdé d’un prédateur qui sait comment exploiter la célébrité pour échapper à la justice et maintenir ses réseaux d’influence intacts.
Le scandale explose comme une grenade dans une société profondément marquée par le tabou du viol et la culture du silence. Sur X et Instagram, les fans hurlent au complot : “Ne jugez pas” devient le slogan viral protégeant l’idole, avec footballeurs, acteurs et influenceurs clamant sa « moralité irréprochable ».
Pourtant, le 29 octobre, le journal Ham-Mihan publie le témoignage brut de la plaignante : droguée, violée, puis soudoyée pour se taire avec 50 milliards de tomans (environ 460 000 dollars US). L’expert médical confirme le viol ; elle refuse l’argent et brise le mur du silence après six mois de pressions, révélant l’ampleur de l’impunité dont jouissent les célébrités. Le site du journal est immédiatement mis hors ligne, une censure éclair qui illustre la complicité implicite des institutions avec les puissants.
Cette affaire met en lumière un mécanisme bien rodé : la célébrité comme bouclier juridique et social, les victimes isolées et souvent criminalisées, tandis que les stars peuvent payer, fuir, et reconstruire leur image en toute impunité. Pour beaucoup, Jamshidi n’est pas un cas isolé mais l’illustration d’un système où argent, influence et popularité écrasent le droit et la justice.
Des intellectuelles et artistes internationaux – Annie Ernaux, Judith Godrèche, Leïla Slimani – signent des tribunes de soutien, saluant le courage de la victime face à une industrie et une justice misogynes jusqu’à l’os. Elles dénoncent un État où l’image de vertu publique contraste violemment avec la protection accordée aux hommes puissants et célèbres.
L’affaire Jamshidi n’est pas seulement un scandale judiciaire : elle révèle le visage hideux de l’hypocrisie iranienne. L’Iran, bastion autoproclamé de moralité et de vertu, enferme les femmes pour un foulard mal noué, mais libère ses stars contre un chèque.

























