La Guinée-Bissau vient une fois encore d’échapper à une nouvelle déstabilisation politique. L’armée a annoncé vendredi avoir déjoué une tentative de coup d’État impliquant plusieurs officiers supérieurs, à seulement quelques semaines des élections générales prévues le 23 novembre.
Lors d’une conférence de presse retransmise en direct à la télévision nationale, le chef adjoint d’état-major, le général Mamadu Ture, a déclaré que plusieurs responsables militaires avaient été arrêtés et qu’une enquête approfondie était en cours pour identifier l’ensemble des complices.
« Nous ne tolérerons aucune atteinte à l’ordre constitutionnel ni aucune tentative de semer le chaos dans notre pays », a averti le général Ture, appelant la population à « rester vigilante et confiante envers ses institutions ».
Selon des sources locales citées par Capital News, le directeur de l’école militaire de Cumere, le général Daba Na Walna, figure parmi les personnes arrêtées. Il est soupçonné d’avoir joué un rôle central dans la préparation du putsch.
D’autres officiers, dont les identités n’ont pas encore été rendues publiques, seraient actuellement interrogés par le parquet militaire.
Les autorités affirment que le complot visait à renverser le gouvernement et à perturber le processus électoral, dans un contexte de fortes tensions politiques entre le pouvoir et l’opposition.
Depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau reste fragilisée par une instabilité chronique. Aucun chef d’État n’a pu exercer un mandat complet sans être renversé, exilé ou contesté par une faction militaire.
Les coups d’État, souvent justifiés par la corruption ou les rivalités ethniques, ont plongé le pays dans une spirale d’insécurité et de méfiance.
La tentative de coup d’État de février 2022, qui avait échoué dans le sang, avait déjà révélé les fractures internes au sein de l’armée et le poids des ambitions personnelles dans les cercles du pouvoir. Malgré les promesses de réforme du président Umaro Sissoco Embaló, la militarisation de la vie politique continue d’empoisonner la gouvernance.
À l’approche du scrutin de novembre, le climat politique s’est nettement détérioré. L’opposition accuse le président Embaló de dérive autoritaire et de vouloir museler ses adversaires, tandis que ses partisans dénoncent des manœuvres orchestrées par « des forces hostiles à la stabilité nationale ».
Les observateurs internationaux, dont la CEDEAO et l’Union africaine, ont exprimé leur préoccupation et appelé à un retour au calme. Ils exhortent les autorités à garantir un scrutin libre et transparent, condition essentielle pour restaurer la confiance d’une population lassée par les crises à répétition.
Pour de nombreux analystes, cette nouvelle tentative de putsch traduit la persistance des rivalités internes au sein de l’appareil militaire et la fragilité des institutions civiles.
Dans un pays où les armes demeurent un instrument de pouvoir, le véritable défi réside dans la capacité du gouvernement à réformer durablement l’armée et à assurer une séparation claire entre les sphères politique et militaire.
Dans son allocution, le général Mamadu Ture a insisté sur la nécessité de préserver la stabilité :« L’armée ne sera jamais l’outil d’ambitions personnelles. Elle appartient à la nation et doit protéger la paix et la Constitution. »
Si le calme semble revenu dans les rues de Bissau, la méfiance demeure. Les jours à venir diront si la Guinée-Bissau saura éviter un nouvel effondrement politique ou si ce pays, habitué aux soubresauts militaires, replongera une fois encore dans le cycle des coups d’État avortés et des promesses trahies.


























