Le typhon Kalmaegi, connu localement sous le nom de Tino, continue de semer la désolation aux Philippines, où le bilan officiel des victimes s’est alourdi à au moins 66 morts, selon le dernier communiqué de la défense civile daté de mercredi. Ce chiffre, en hausse par rapport aux estimations initiales de 46 victimes rapportées mardi par Reuters, reflète la gravité des inondations qui ont ravagé le centre de l’archipel, particulièrement l’île de Cebu. Parmi ces décès, 49 ont été recensés dans cette province dynamique de plus de 2,4 millions d’habitants, confirmant les craintes des autorités face à une urbanisation vulnérable aux crues soudaines.
Les images choc circulant sur les réseaux sociaux, partagées par des témoins comme Don del Rosario, montrent un chaos apocalyptique , rues noyées sous des torrents boueux, voitures et camions empilés comme des jouets cassés, conteneurs maritimes dérivant au gré des flots, et des familles entières réfugiées sur les toits de leurs maisons effondrées. À Cebu City, des vidéos amateurs capturent des secouristes de la Croix-Rouge philippine luttant contre des eaux montantes pour hisser des rescapés, tandis que des animaux de compagnie sont arrachés aux crues par leurs propriétaires désespérés.
« Ce sont les grandes villes, très urbanisées, qui ont été les plus touchées », a déclaré Rafaelito Alejandro, administrateur adjoint de l’Office de la protection civile (OCD), lors d’un point presse. La gouverneure de Cebu, Pamela Baricuatro a decrit : « La situation est sans précédent. Nous pensions que le vent serait le plus dangereux, mais c’est l’eau qui met réellement nos populations en danger. Les inondations sont tout simplement dévastatrices. » En effet, la région a été bombardée par 183 millimètres de pluie en 24 heures – bien plus que la moyenne mensuelle de 131 millimètres –, transformant des quartiers entiers en lacs improvisés et isolant des milliers de personnes.
Près de 400 000 personnes ont été évacuées préventivement avant que Kalmaegi ne touche terre lundi soir (15 h GMT) dans la province des îles Dinagat, au large de Mindanao, selon le service météorologique national PAGASA. Malgré ces mesures, 13 personnes demeurent portées disparues, et des centaines de milliers d’autres sont toujours déplacées, hébergées dans des abris temporaires ou des écoles reconverties.
Le drame humain s’est encore aggravé avec le crash d’un hélicoptère militaire Super Huey, déployé pour les secours à Butuan (Mindanao). Les six occupants – deux pilotes et quatre membres d’équipage – ont péri, portant un coup fatal aux opérations humanitaires déjà sous tension. L’armée a récupéré les corps et lancé une enquête, tandis que la Croix-Rouge, submergée d’appels, attend une décrue pour éviter d’exposer davantage son personnel.
Les scientifiques sonnent l’alarme, le réchauffement climatique, alimenté par l’activité humaine, dope la puissance de ces monstres tropicaux. Des océans plus chauds favorisent une intensification rapide, et une atmosphère surchargée en humidité déverse des pluies records, rendant les populations pauvres – qui représentent des millions d’habitants dans ces zones côtières – encore plus vulnérables. Charmagne Varilla, spécialiste météo de PAGASA, prévoit trois à cinq tempêtes supplémentaires d’ici fin décembre, rappelant que 2025 a déjà atteint la moyenne annuelle.
Face à cette cascade de catastrophes, Cebu a déclaré l’état de catastrophe naturelle pour débloquer des fonds d’urgence, et le gouvernement central a distribué une aide alimentaire équivalente à 100 000 dollars.


























