Washington a l’intention de louer des réservoirs pétroliers stratégiques à l’Inde, afin de faciliter la vente de ses produits de schiste et de renforcer le partenariat stratégique avec d’autres pays et de tirer des revenus de la location, à un moment où les fournisseurs cherchent à vendre à tout prix.
L’idée de stocker du pétrole indien sur le sol américain repose sur un protocole d’accord signé récemment entre les deux parties, et l’Inde veut profiter de cet accord pour conserver une partie de son pétrole brut dans des réservoirs américains, avec le droit de l’utiliser pour ses propres besoins, ou de le vendre à un autre pays lorsque les prix augmentent.
Ce pétrole indien est censé être placé dans des cuves souterraines des États du Texas et de la Louisiane où se trouvent les réserves stratégiques américaines d’or noir, où d’énormes conteneurs ont été construits sous terre sur la rive nord du golfe du Mexique, capables de stocker 714 millions de barils.
Les États-Unis ont également convenu en avril de fournir un espace de stockage pour les réserves stratégiques australiennes, bien que ce pays ait commencé à créer ses propres réservoirs depuis 2018.
La plupart des réservoirs de pétrole brut du monde sont complètement pleins après la chute des prix, mais les États-Unis ont encore un espace vide. Selon les données de la Washington Energy Information Administration, le 10 juin, la réserve stratégique américaine atteignait 656,1 millions de barils, ce qui signifie qu’elle est toujours capable de stocker 57,9 millions de barils.
Le ministère de l’Énergie avait proposé que les réservoirs soient entièrement mobilisés en mars, lorsque les prix ont connu un effondrement record, mais cette étape n’a pas été approuvée par le Congrès et visait donc à allouer ces espaces vides à des entreprises privées américaines qui avaient besoin d’un endroit pour déposer le pétrole brut extrait.
Les États-Unis cherchent a suivit l’exemple de la Chine, qui a rempli tous ses réservoirs lorsque les prix du pétrole atteignaient 15 dollars le baril, et elle utilise maintenant ce pétrole brut et le vent à d’autres pays.
En juin dernier, Pékin a acheté 12,9 millions de barils par jour, un record de 34% par rapport au même mois de l’année précédente, puis a vendu un million de barils sur le marché mondial, selon Bloomberg.
Les experts conseillent aux pays de stocker le pétrole sur leurs terres, pas sur des terres étrangères, ce qui est exactement ce que les pays européens et la Chine souhaitent faire.
Certains observateurs préviennent également qu’en cas de litige avec les États-Unis, il pourrait saisir les réserves de pétrole qui ont été déposées dans ses réservoirs sous forme de rente, et ce risque a affecté les investissements russes, étant donné que les États-Unis peuvent geler à tout moment les fonds appartenant à la Russie dans le cadre de sanctions.
Quant à l’Inde, elle peut sembler aujourd’hui à l’abri de ce danger, mais à l’avenir, son économie pourrait se développer de manière à ce que Washington la considère comme un adversaire et s’abstienne de lui donner le pétrole qui lui est confié.
L’un des exemples les plus marquants de ce qui peut arriver dans de telles crises est les réserves d’or déposées par le Venezuela dans plusieurs pays étrangers, et lorsque ce pays a essayé de les récupérer après une crise grave, ces pays se sont abstenus de lui donner son or.