La baisse de plus de 2 % des prix du pétrole observée jeudi sur les marchés internationaux trouve son origine dans des informations selon lesquelles l’Arabie saoudite serait prête à augmenter sa production de pétrole, renonçant ainsi à son objectif de maintenir le prix du baril autour de 100 dollars. Cette nouvelle a immédiatement provoqué une chute du Brent et du West Texas Intermediate (WTI), les deux principales références mondiales. Le Brent a ainsi perdu 2,10 %, atteignant 71,92 dollars, tandis que le WTI chutait de 2,27 % pour se stabiliser à 68,11 dollars le baril.
Cette décision marquerait un changement stratégique important pour Riyad, qui a jusque-là réduit sa production dans le cadre des accords OPEP+, visant à soutenir les prix dans un contexte de demande mondiale affaiblie, notamment en Chine. En effet, les réductions de production décidées par l’OPEP+ n’ont pas permis de maintenir des prix élevés face à l’augmentation de l’offre provenant de producteurs non membres de l’OPEP, en particulier les États-Unis.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le marché pétrolier a connu une forte volatilité, avec des prix atteignant près de 100 dollars le baril en 2022, avant de retomber sous les 70 dollars en septembre 2024. Plusieurs facteurs expliquent cette baisse, dont le ralentissement de la croissance chinoise, premier importateur mondial de pétrole, et une hausse continue de la production américaine.
La possible augmentation de la production saoudienne est une réponse à la perte de parts de marché que le royaume subit depuis qu’il a adopté une politique de production réduite, avec environ 9 millions de barils par jour. Cette réduction prolongée a été coûteuse pour l’Arabie saoudite, alors que d’autres pays membres de l’OPEP+ comme l’Irak et le Kazakhstan n’ont pas strictement respecté les quotas de réduction.
L’abandon du prix cible de 100 dollars reflète les priorités changeantes de l’Arabie saoudite. Bien que le royaume ait besoin d’un baril proche de 100 dollars pour équilibrer son budget, notamment pour financer ses ambitieux projets tels que la ville futuriste de NEOM, il semble désormais prêt à sacrifier les prix élevés pour reconquérir des parts de marché. Ce changement stratégique pourrait entraîner une période prolongée de prix bas, mettant à mal la rentabilité des compagnies pétrolières internationales tout en obligeant les producteurs à s’ajuster.
Pour l’avenir, la décision saoudienne d’augmenter la production pourrait affecter l’ensemble des marchés énergétiques. Si les prix du pétrole restent bas, cela pourrait encourager la reprise économique dans plusieurs régions du monde, tout en réduisant les recettes des pays dépendants du pétrole pour leurs budgets. Par ailleurs, l’évolution des relations entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, notamment en ce qui concerne la production pétrolière, reste un facteur clé à surveiller.