L’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) a publié des données remarquables pour la période allant de 2022 à décembre 2024 : un total de 11 076 projets d’investissement, représentant une enveloppe globale de 4 450 milliards de dinars algériens (DA) et la création potentielle de près de 270 000 emplois. Bien que ces chiffres témoignent d’une dynamique positive, leur analyse approfondie révèle des enjeux structurels et stratégiques cruciaux pour le développement économique de l’Algérie.
Le directeur général de l’AAPI, Omar Rekkache, a annoncé que plus de 50 % des projets enregistrés sont actuellement en phase de concrétisation. Ce résultat reflète une amélioration notable du climat des affaires en Algérie, renforcée par des réformes administratives telles que la mise en place des guichets uniques. Ces mesures, destinées à simplifier les démarches et à réduire les délais, semblent avoir joué un rôle catalyseur dans la réactivation des investissements.
Avec près de 270 000 emplois prévus, ces projets pourraient réduire significativement le taux de chômage, notamment parmi les jeunes. Toutefois, la réalisation effective de cet objectif repose sur la capacité à surmonter les obstacles liés à la bureaucratie et à assurer un suivi rigoureux de l’exécution des projets.
L’accent mis sur le développement de nouvelles zones industrielles démontre une volonté de lever l’un des principaux freins aux investissements. Cependant, l’efficacité de cette stratégie dépendra de la transparence dans l’attribution des terrains, un enjeu historiquement marqué par des pratiques de favoritisme et de corruption.
L’AAPI souligne l’importance de la synergie entre divers acteurs institutionnels tels que les Douanes, les Impôts ou encore le Domaine national. Cette approche collaborative est cruciale pour fluidifier les procédures, accélérer les délais de traitement et garantir un cadre administratif favorable.
Malgré des progrès notables, 50 % des projets restent à l’état de promesse. Cette situation n’est pas inédite en Algérie, où plusieurs initiatives d’investissement se sont heurtées à des entraves bureaucratiques et des carences en termes de suivi et d’exécution.
Les chiffres annoncés par l’AAPI manquent de détails concernant la répartition sectorielle des investissements. Sans ces données, il est difficile d’évaluer leur contribution à des objectifs stratégiques tels que la diversification économique ou le renforcement de secteurs à forte valeur ajoutée.
Malgré les progrès annoncés, l’historiographie de la gestion foncière en Algérie reste entachée par des pratiques opaques. Une digitalisation intégrale des procédures d’attribution et un contrôle indépendant sont indispensables pour dissiper les craintes de favoritisme.
La dépendance aux hydrocarbures demeure prédominante, tant directement qu’indirectement, dans l’orientation des investissements. Un élargissement vers des secteurs porteurs comme les énergies renouvelables, l’agriculture moderne ou les industries numériques reste une nécessité impérative.
La mise en place d’un observatoire indépendant permettrait d’assurer un suivi rigoureux des projets, tant sur le plan de leur exécution que de leur impact économique réel. Cet outil pourrait également mesurer leur contribution à la création de valeur ajoutée et à la diversification sectorielle.
La digitalisation des guichets uniques et des procédures liées à l’investissement réduirait significativement les délais et les risques de corruption, tout en améliorant la transparence.
Un système incitatif orienté vers des secteurs à fort potentiel, tels que l’industrie pharmaceutique, les énergies vertes et les technologies de l’information, pourrait rééquilibrer la structure économique algérienne.
La création d’un classement annuel des administrations locales basé sur des indicateurs de performance pourrait renforcer la compétence des structures régionales et encourager une concurrence positive entre elles.
Les résultats présentés par l’AAPI illustrent un potentiel certain pour l’attraction des investissements et la relance économique en Algérie. Toutefois, pour que cet élan se transforme en impact durable, il est impératif de surmonter les obstacles institutionnels, de renforcer la transparence et d’accélérer la diversification économique. Ce n’est qu’à travers une gouvernance rigoureuse et une exécution efficace que l’Algérie pourra pleinement capitaliser sur cette dynamique prometteuse.