Le recensement économique national prévu pour janvier 2025 représente une initiative d’envergure, destinée à fournir aux autorités algériennes des données précises et exhaustives sur l’ensemble des activités économiques du pays. Cette opération constitue une étape essentielle pour renforcer les fondations de l’économie nationale, guider les décisions stratégiques des pouvoirs publics, et contribuer à la mise en œuvre d’un développement économique plus structuré, durable et équilibré. Cette seconde phase, qui fait suite à une première lancée en mai 2023, a pour objectif d’approfondir la collecte d’informations et d’acquérir une meilleure compréhension de la structure économique de l’Algérie.
Le recensement économique national s’inscrit dans une dynamique de modernisation des politiques économiques. Son objectif principal est de récolter des données sur plus de 186 000 entreprises opérant dans divers secteurs d’activité, allant de la production industrielle à la distribution, en passant par les services. Ces données seront centralisées dans une base de données nationale, qui servira de référence pour la mise en place de politiques économiques plus efficaces et adaptées aux besoins réels du pays. L’un des enjeux majeurs de ce recensement est de déterminer de manière précise les capacités de production nationales dans chaque secteur, ce qui permettra de mieux orienter les investissements et de planifier le développement des différentes régions du pays.
L’un des points forts de ce recensement est l’intégration de la numérisation dans le processus de collecte de données. Cette approche permettra de créer un fichier national détaillé des unités de production à travers le pays, facilitant ainsi le suivi et la gestion des entreprises. De plus, la numérisation rationalisera l’administration des données, garantissant une plus grande fiabilité et une meilleure accessibilité pour les acteurs économiques et les décideurs. Grâce à ces informations précieuses, il sera plus facile de comprendre les forces et les faiblesses du tissu économique national, permettant ainsi d’orienter plus précisément les efforts d’investissement, qu’ils soient publics ou privés.
Le recensement vise également à établir une répartition géographique plus équilibrée des investissements et des projets de développement économique. En identifiant les secteurs sous-développés ou les régions nécessitant un soutien particulier, les autorités pourront mettre en place des pôles industriels spécialisés, favorisant la croissance régionale et la création de nouveaux emplois. Ce processus est aligné avec la stratégie globale du gouvernement pour favoriser la diversification économique du pays, réduire sa dépendance aux importations, et promouvoir la production locale de biens de consommation essentiels.
Le ministre du Commerce, Tayeb Zitouni, a souligné l’importance de cette initiative dans le cadre de la diversification économique de l’Algérie. En effet, les dernières années ont montré la nécessité de restructurer l’économie nationale pour assurer sa résilience face aux fluctuations des marchés mondiaux et garantir une croissance stable et pérenne. Ce recensement permettra de mieux comprendre les dynamiques internes de chaque secteur économique et d’élaborer des stratégies adaptées aux besoins spécifiques de chaque domaine. Il viendra ainsi renforcer l’approche globale des pouvoirs publics pour soutenir les entreprises locales, notamment dans les secteurs de la production industrielle, de l’agriculture et des services.
Bien que les résultats du recensement puissent orienter les politiques économiques, leur mise en œuvre dépendra de la volonté politique et des capacités administratives du gouvernement. Dans un contexte de crise économique prolongée, les recommandations issues du recensement risquent d’être éclipsées par d’autres priorités urgentes, notamment le contrôle de l’inflation, la gestion des réserves de change ou les politiques de subventions. Si les autorités ne parviennent pas à appliquer ces recommandations avec rigueur, le recensement pourrait ne servir qu’à confirmer les faiblesses déjà identifiées de l’économie, sans générer de véritables changements.
Le recensement pourrait favoriser une approche trop centralisée dans la gestion des données, limitant la flexibilité des acteurs économiques locaux et des entrepreneurs. Dans un pays aussi vaste que l’Algérie, la centralisation des données et des décisions pourrait réduire la capacité des régions à répondre rapidement à leurs spécificités locales. La réussite de cette stratégie dépendra de la capacité des autorités à décentraliser la gestion des informations et à impliquer davantage les régions et les acteurs privés dans la prise de décision.
Malgré les campagnes de sensibilisation, certaines entreprises, en particulier les PME et celles opérant dans l’informel, pourraient ne pas participer pleinement au recensement. Cela nuirait à la qualité et à l’exhaustivité des données collectées, rendant les analyses moins fiables et moins représentatives de la réalité économique du pays. Les entreprises informelles, en particulier, qui représentent une part importante de l’économie algérienne, risquent de ne pas se conformer aux exigences du recensement, ce qui pourrait limiter la portée et l’impact des politiques économiques fondées sur ces données.
Bien que la collecte de données permette une meilleure gestion et planification des ressources, elle ne résout pas à elle seule les problèmes structurels de l’économie algérienne. Des réformes fiscales, institutionnelles et de gouvernance seront nécessaires pour que les données collectées puissent réellement être utilisées pour transformer l’économie. Le recensement peut fournir des informations précieuses, mais sans une révision en profondeur des politiques économiques et un climat des affaires favorable, son potentiel restera partiellement sous-exploité.
Le recensement économique national de 2025 représente un outil puissant pour la collecte de données et l’orientation de certaines politiques économiques en Algérie. Cependant, il est important de souligner que cette initiative ne pourra à elle seule sortir l’Algérie de la crise. Si les informations recueillies sont exploitables, leur mise en œuvre dépendra de la capacité des autorités à intégrer ces données dans des réformes économiques structurelles plus larges. Sans une forte volonté politique et des réformes institutionnelles, ce recensement pourrait bien se réduire à un simple exercice statistique sans impact tangible sur la situation économique globale du pays. Pour qu’il soit un levier de transformation durable, il doit s’accompagner de réformes profondes et d’une gestion décentralisée des données.