L’Algérie semble déterminer à se positionner comme un acteur majeur dans le secteur des énergies renouvelables et de la transition énergétique, avec l’ambition de devenir un leader mondial, à tout prix. L’exploitation d’une ressource récemment découverte – le lithium – dans le sud du pays est désormais perçu comme un levier stratégique pour accélérer le développement industriel et énergétique. Cependant, faut-il nuire aux impératifs écologiques et sociaux au nom du développement économique dans cette quête effrénée d’exploitation du lithium, au risque d’engendrer des conséquences irréversibles pour l’environnement et les communautés locales ?
Lors d’un atelier organisé ce dimanche à Alger sur le développement de la filière lithium, Mohamed Arkab, ministre d’État chargé de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, a mis en avant l’énorme potentiel de l’exploitation de cette ressource pour renforcer la position de l’Algérie dans la chaîne de valeur énergétique mondiale. Selon lui, cette initiative pourrait affirmer le rôle de l’Algérie dans le développement économique à l’échelle mondiale.
Le ministre a souligné l’importance de se tourner vers des minéraux à forte valeur ajoutée, comme le lithium, devenu une ressource stratégique pour l’avenir énergétique. En effet, ce métal est au cœur de la fabrication des batteries, qui alimentent non seulement les véhicules électriques, mais aussi les dispositifs de stockage d’énergie. Dans un contexte mondial où la transition énergétique vise à réduire la dépendance aux énergies fossiles, l’Algérie pourrait se positionner comme un fournisseur clé pour répondre à cette demande croissante. Cependant, cette ambition se heurte à un dilemme : l’Algérie semble, en partie, ignorer les préoccupations écologiques mondiales, risquant ainsi de négliger les impacts environnementaux potentiels de l’exploitation du lithium.
Le ministre a précisé que les premières indications géologiques révèlent une présence significative de lithium dans ces zones, qui pourrait devenir le cœur d’un développement industriel à grande échelle. Ce potentiel d’exploitation ouvre la voie à une série d’opportunités pour l’Algérie, en particulier dans la production de batteries, un secteur en pleine expansion à l’échelle mondiale, ainsi que dans la fabrication de véhicules électriques, un domaine en forte croissance avec la transition vers des alternatives plus écologiques aux voitures à carburant.
Bien que l’exploitation du lithium offre de nombreuses promesses, elle comporte également plusieurs défis. D’abord, l’Algérie devra se préparer à surmonter les difficultés logistiques et environnementales liées à l’extraction de ce minerai, particulièrement dans des régions éloignées et géographiquement difficiles d’accès comme le massif du Hoggar. L’extraction minière, si elle n’est pas menée de manière durable, pourrait avoir des conséquences environnementales négatives, telles que la dégradation des écosystèmes locaux ou la pollution de l’eau. Il est donc crucial que le pays développe une stratégie minière qui intègre des pratiques écologiques strictes et qui prenne en compte les spécificités locales des zones concernées.
De plus, l’Algérie devra également surmonter la complexité de la création d’une chaîne de valeur industrielle complète autour du lithium. Le pays devra mettre en place des infrastructures adaptées pour extraire, transformer et utiliser ce minéral de manière efficace. Cela nécessitera un investissement massif dans la formation des compétences locales, l’implémentation de technologies modernes, ainsi que dans des partenariats avec des entreprises internationales pour accélérer le développement du secteur. Sans cela, l’Algérie risque de se retrouver à vendre une ressource brute sans pouvoir profiter pleinement des retombées économiques de la transformation industrielle du lithium.
Le Pr. Karim Zaghib, expert mondial en production de batteries au lithium, a pris part à cet atelier pour apporter son expertise sur les enjeux techniques et scientifiques liés à l’exploitation du lithium. Les échanges avec des spécialistes comme le Pr. Les Zaghib sont cruciaux pour l’Algérie, qui doit capitaliser sur son potentiel minier tout en respectant les normes environnementales et en maîtrisant les technologies nécessaires à une extraction et une transformation durable du lithium. Le Pr. Kamal Youcef Toumi, une autre figure éminente du secteur, a également souligné l’importance de l’innovation et de la recherche dans le développement de cette filière, afin d’optimiser l’exploitation de cette ressource tout en répondant aux défis environnementaux.
L’Algérie devra donc trouver un équilibre délicat entre la maximisation des bénéfices économiques et la protection de l’environnement. Des solutions technologiques avancées et des pratiques d’extraction durables, combinées à une gestion rigoureuse des ressources, seront indispensables pour éviter que cette exploitation ne devienne une menace pour les écosystèmes du sud du pays. Il est impératif que l’Algérie s’engage dans une démarche responsable, en collaborant avec des experts en développement durable et en mettant en place des réglementations environnementales strictes pour minimiser l’impact écologique