Le marché pétrolier a connu une forte turbulence ce mardi, avec une baisse significative des cours du Brent et du West Texas Intermediate (WTI). Cette chute s’explique par plusieurs facteurs majeurs, dont la décision de l’OPEP+ d’augmenter sa production en avril, la mise en place de nouveaux tarifs douaniers aux États-Unis et la réaction immédiate de la Chine. Ces éléments, conjugués aux incertitudes géopolitiques, ont alimenté la volatilité des prix du pétrole.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, dont la Russie (OPEP+), ont décidé lundi de procéder à une augmentation de la production de 138 000 barils par jour dès avril. Cette annonce marque la première hausse depuis 2022 et a pris les marchés de court. Selon Bjarne Schieldrop, analyste en chef des matières premières chez SEB, ce revirement stratégique semble davantage dicté par des considérations politiques que par des impératifs économiques. Il évoque notamment l’influence de Donald Trump, qui a plaidé à plusieurs reprises pour des prix plus bas du pétrole afin de soutenir la consommation américaine.
Les tensions commerciales ont ajouté une pression supplémentaire sur le marché pétrolier. À compter de ce mardi, Washington a imposé des droits de douane de 25 % sur les importations canadiennes et mexicaines, ainsi que des taxes spécifiques de 10 % sur les produits énergétiques canadiens. De plus, les droits de douane sur les importations chinoises ont été relevés de 10 % à 20 %. En réponse, Pékin a immédiatement riposté en instaurant des hausses de 10 à 15 % sur les importations de produits agricoles et alimentaires américains. En parallèle, 25 entreprises américaines ont été placées sous restrictions commerciales par la Chine.
Les analystes estiment que ces nouvelles barrières tarifaires vont ralentir l’activité économique et, par conséquent, peser sur la demande en énergie. « Une contraction de l’économie, en particulier aux États-Unis et en Chine, aura un impact direct sur la consommation de pétrole », explique Josh Callaghan, responsable des produits dérivés du brut chez Arrow Energy Markets.
Sur le plan géopolitique, l’affrontement entre le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy et Donald Trump semble s’être atténué après les tensions de la semaine passée. D’après des sources proches du dossier, un accord entre Washington et Kiev sur les minerais stratégiques pourrait bientôt voir le jour.
Par ailleurs, la Maison-Blanche a récemment demandé au département d’État et au Trésor d’examiner la possibilité d’un allègement des sanctions contre la Russie, en vue d’éventuelles négociations avec Moscou. Cette levée partielle pourrait favoriser un retour du pétrole russe sur le marché mondial. Toutefois, selon les analystes de Goldman Sachs, ce facteur reste secondaire par rapport à l’engagement de la Russie au sein de l’OPEP+, qui continue de limiter sa production.
Outre ces tensions commerciales et diplomatiques, d’autres éléments influencent la trajectoire des prix du pétrole. La demande chinoise est en recul en raison des maintenances prévues dans les raffineries, un facteur supplémentaire de baisse des prix. En parallèle, les données préliminaires de l’American Petroleum Institute indiquent une diminution des stocks de brut américains de 1,46 million de barils sur la semaine écoulée, un élément qui pourrait influencer les prévisions à court terme.
Enfin, une décision majeure de l’administration Trump est venue bousculer encore un peu plus le marché. Mardi, Washington a mis fin à la licence qui permettait à la compagnie pétrolière américaine Chevron d’opérer au Venezuela et d’y exporter du pétrole. Ce revirement survient après des accusations selon lesquelles le président vénézuélien Nicolas Maduro n’aurait pas respecté ses engagements en matière de réformes électorales et de gestion des migrations.
Les acteurs du marché attendent désormais la publication des chiffres officiels du gouvernement américain sur les stocks de brut, prévue ce mercredi. Ces données seront scrutées de près afin d’évaluer l’impact des récents développements sur l’offre et la demande.