Les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine, exacerbées par l’augmentation des droits de douane sur les produits américains par Pékin, ont entraîné une chute significative des prix du pétrole. Ce vendredi, les prix du pétrole ont plongé de 7 %, atteignant leur plus bas niveau en plus de trois ans. La Chine a annoncé qu’elle augmenterait de 34 % les droits de douane sur tous les produits américains à partir du 10 avril 2025, une décision qui intensifie la guerre commerciale entre les deux grandes puissances économiques mondiales.
Face à cette escalade des tensions commerciales, les investisseurs anticipent désormais une probabilité accrue de récession mondiale. Selon JPMorgan, la probabilité d’une récession mondiale d’ici la fin de l’année a grimpé à 60 %, contre 40 % précédemment. Cette incertitude macroéconomique a également pesé sur d’autres matières premières telles que le gaz naturel, le soja et l’or, entraînant une chute généralisée des marchés boursiers mondiaux.
Les contrats à terme sur le Brent, la référence mondiale, ont clôturé en baisse de 6,5 %, à 65,58 $ le baril, tandis que le WTI (West Texas Intermediate) a perdu 7,4 %, s’établissant à 61,99 $. Le Brent a atteint un plus bas de 64,03 $ et le WTI est tombé à 60,45 $, des niveaux non observés depuis quatre ans. Au cours de la semaine, le Brent a enregistré une baisse de 10,9 %, et le WTI a chuté de 10,6 %, enregistrant sa plus forte baisse en deux ans.
Pour contrer cette chute brutale des prix, l’OPEP+ a décidé d’accélérer ses plans d’augmentation de la production de pétrole. Le groupe vise désormais une production de 411 000 barils par jour (bpj) en mai, contre 135 000 bpj initialement prévus. Cette décision intervient dans un contexte de marché instable, alors que des représailles supplémentaires sont attendues en raison des mesures tarifaires prises par l’administration Trump.
Une autre décision qui a exercé une pression supplémentaire sur les prix du pétrole est celle d’un tribunal russe, qui a permis de maintenir les activités du terminal d’exportation du pipeline de la Caspienne (CPC) en mer Noire. Cette décision a évité une réduction de l’approvisionnement en pétrole en provenance du Kazakhstan, contribuant à la stabilisation partielle du marché.
Les analystes estiment que les nouveaux tarifs douaniers imposés par Trump auront des conséquences économiques de grande envergure. Une inflation plus élevée et une croissance économique plus lente semblent inévitables, ce qui mettra encore plus de pression sur les marchés mondiaux. Jerome Powell, président de la Réserve fédérale américaine, a souligné que ces mesures tarifaires entraîneraient des défis importants pour la banque centrale américaine.
En réponse à ces nouvelles réalités économiques, les analystes de Goldman Sachs ont révisé leurs prévisions de prix du pétrole pour la fin de l’année 2025, abaissant leurs objectifs pour le Brent et le WTI de 5 dollars chacun, à 66 $ et 62 $, respectivement. HSBC a, quant à elle, réduit ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2025, passant de 1 million de barils par jour à 0,9 million de barils par jour, en raison des tarifs douaniers et de l’augmentation de la production décidée par l’OPEP+.
Le marché pétrolier et l’économie mondiale sont sous pression face à l’escalade de la guerre commerciale et aux tarifs douaniers imposés. La possibilité d’une récession mondiale semble de plus en plus probable, ce qui pourrait déstabiliser davantage les marchés de l’énergie. Les acteurs économiques, de l’OPEP+ aux gestionnaires de fonds, se préparent à de nouveaux ajustements face à cette situation complexe, mais l’incertitude demeure, et les prévisions restent susceptibles de changer en fonction des évolutions géopolitiques.