Les cours du pétrole ont de nouveau bondi vendredi 11 avril 2025, soutenus par une convergence de tensions géopolitiques et de turbulences économiques mondiales. Le Brent a clôturé à 64,76 dollars (+1,43 $), et le West Texas Intermediate (WTI) à 61,50 dollars (+1,43 $), soit des hausses respectives de 2,26 % et 2,38 %. Ces mouvements s’inscrivent dans un contexte tendu dominé par la montée en puissance des restrictions américaines contre le pétrole iranien et une escalade tarifaire sino-américaine.
Le secrétaire américain à l’Énergie, Chris Wright, a déclaré que les États-Unis pourraient interrompre totalement les exportations de brut iranien, dans le cadre d’une stratégie visant à contraindre Téhéran à se conformer à son programme nucléaire. Cette annonce a eu un effet immédiat sur les marchés. « Une application stricte de ces restrictions réduirait considérablement l’offre mondiale », souligne Andrew Lipow, président de Lipow Oil Associates. Cependant, certains observateurs estiment que la Chine, premier importateur mondial de pétrole, continuera à s’approvisionner auprès de l’Iran, ce qui pourrait limiter l’impact de ces sanctions.
Parallèlement, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s’intensifie. Pékin a réagi à la dernière salve de tarifs imposés par Washington (145 % sur plusieurs produits chinois) en annonçant une hausse des droits de douane sur les produits américains, les portant à 125 %. Ces mesures renforcent les incertitudes sur les échanges mondiaux, avec des effets potentiellement lourds sur la croissance et la demande en énergie. Selon Ole Hansen, stratège chez Saxo Bank, « même avec un report de certains tarifs, les marchés ont déjà intégré une forte instabilité ».
L’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) a d’ailleurs revu à la baisse ses prévisions de croissance économique mondiale et de demande pétrolière pour 2025 et 2026. Elle craint un ralentissement de l’économie chinoise, accentué par les tensions commerciales, qui pourrait impacter gravement la demande énergétique mondiale. Daniel Hynes, analyste chez ANZ, estime que si la croissance mondiale passe sous la barre des 3 %, la consommation de pétrole pourrait chuter d’au moins 1 %.
Enfin, sur le plan de la production, les dernières données de Baker Hughes montrent une baisse du nombre de forages actifs aux États-Unis pour la troisième semaine consécutive, signe possible d’un ralentissement à venir de l’offre nord-américaine.