Le ministère des Affaires étrangères de New Delhi a rappelé l’ambassadeur du Canada en Inde arguant que les commentaires sur les manifestations dans la capitale indienne par le premier ministre canadien Justin Trudeau pourraient gravement nuire aux relations bilatérales. Pendant ce temps, les manifestants prévoient de bloquer l’accès à New Delhi et appellent à une grève nationale.
En Inde, des manifestations sont en cours de la part des agriculteurs, qui campent actuellement à la périphérie de la capitale et demandent la suppression des nouvelles lois agricoles imposées par le gouvernement indien depuis le 27 novembre, des dizaines de milliers d’agriculteurs indiens sont venus à New Delhi avec des camions, des bus et des tracteurs manifestant tant aux frontières qu’à l’intérieur de la ville et bloquant les principales voies d’accès. Après une journée d’affrontements avec la police, qui a utilisé des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des charges, les autorités de New Delhi avaient attribué des lieux spécifiques aux manifestants pour protester dont les limites n’étaient pas respectées et les manifestations ont été en cours.
Dans ce contexte, le premier ministre canadien a déclaré: «Le Canada défendra toujours le droit à des manifestations pacifiques», critiquant le recours à la force par le gouvernement indien. Les commentaires de Trudeau représentaient un acte d’ingérence dans ses affaires internes et, s’ils étaient répétés, de telles actions pourraient avoir des effets néfastes sur les relations bilatérales, selon une déclaration du ministère indien des Affaires étrangères. Le ministère indien des Affaires étrangères a ensuite ajouté que les commentaires «mal informés» de Trudeau et d’autres politiciens canadiens auraient également encouragé des rassemblements «extrémistes» devant le quartier général de la mission indienne au Canada et, pour cela, a demandé aux autorités d’Ottawa de garantir la sécurité du personnel diplomatique indien, appelant les politiciens canadiens à s’abstenir de tout commentaire susceptible de «légitimer l’activisme extrémiste».
Quant aux intentions des manifestants, après avoir eu des entretiens peu concluants avec le gouvernement, au cours desquels les parties sont chacune restées fermes sur leurs positions, le 4 décembre, les manifestants ont promis de bloquer toutes les voies d’ accès à New Delhi et une grève nationale, à organiser dans la semaine du 7 au 13 décembre. Le gouvernement de New Delhi a déployé des forces de sécurité massivement armées à deux points d’accès à la capitale pour empêcher leur traversée.
Les agriculteurs indiens protestent depuis deux mois, principalement dans les États du Pendjab et de l’Haryana, contre trois lois de libéralisation adopté par le gouvernement du Premier ministre indien, Narendra Modi, sur l’agriculture, qui permettrait aux agriculteurs de vendre leurs produits n’importe où et à n’importe qui, sans les limiter aux grossistes réglementés par le gouvernement. Dans le cadre des nouvelles mesures, selon les manifestants, le gouvernement cesserait d’acheter des produits agricoles à des prix minimums garantis et permettrait leur exploitation par de grandes entreprises privées qui pourraient ainsi acheter leurs récoltes à bas prix. Selon le gouvernement, cependant, les nouvelles lois seraient plutôt nécessaires pour réformer le système agricole et donner aux agriculteurs la liberté d’échanger librement leurs produits et de stimuler la production agricole en général, grâce à l’investissement privé. Aussi, le gouvernement indien a également rassuré les agriculteurs sur le fait que le soi-disant « prix de soutien minimum » pour les produits agricoles ne sera pas aboli et que les agriculteurs pourront choisir leurs acheteurs. Modi a été accusé de prendre parti pour les grandes entreprises et de nuire aux petits et moyens agriculteurs indiens.