la Guadeloupe s’est retrouvée récemment plongée dans le noir suite à une coupure d’électricité totale provoquée par une action de « salariés grévistes ». Ce blackout, qui paralyse l’île, souligne les tensions sociales croissantes au sein du secteur de l’énergie dans les territoires d’Outre-mer, où les mouvements sociaux prennent souvent des formes d’action directe, en réponse à des conflits sociaux complexes et souvent anciens.
À l’origine de cette coupure massive se trouve un conflit social entre la branche énergie de la CGT en Guadeloupe et la direction d’EDF Production Électrique Insulaire (PEI), qui gère la production d’électricité sur l’île. Ce conflit, qui s’étire depuis le 15 septembre, repose sur la non-application d’un protocole d’accord signé en 2023 après une première grève de plus de deux mois. Les revendications incluent des sujets aussi sensibles que la titularisation des intérimaires et le paiement de cinq années d’arriérés de salaires. Cette semaine, une tentative de résolution de la direction d’EDF PEI a échoué, en raison d’un désaccord persistant sur le calcul des congés payés, montrant que des désaccords apparemment techniques peuvent alimenter de vives tensions.
L’arrêt des 12 moteurs de la centrale thermique de Jarry, responsable de la quasi-totalité de l’électricité pour l’île, est une mesure d’une portée symbolique forte. En interrompant le réseau de cette manière, les grévistes dénoncent non seulement le blocage dans les négociations mais aussi les conditions de travail et la gestion de l’énergie dans les territoires ultramarins. De plus, cette coupure témoigne du pouvoir d’impact des mouvements sociaux dans un secteur aussi vital que celui de l’énergie. En réponse, la préfecture a dû activer le Centre opérationnel départemental et réquisitionner du personnel d’EDF pour tenter de rétablir l’alimentation en électricité, espérée au plus tôt pour 21 heures, heure de Paris.
Cette crise énergétique survient alors que la Guadeloupe et les Antilles connaissent une recrudescence des mouvements de protestation en raison des conditions de vie difficiles et des inégalités persistantes. Les tensions sociales et les revendications de la population pour une meilleure qualité de vie, notamment face aux coûts élevés de la vie et aux problématiques de services publics comme l’eau potable, amplifient la frustration collective. Dans ce contexte, les grèves peuvent prendre des formes plus radicales, mettant en lumière des problèmes systémiques et une gestion perçue comme déconnectée des réalités locales.
La coupure d’électricité en Guadeloupe pourrait bien être le prélude à une intensification des revendications sociales, et le blocage actuel pourrait forcer l’État et les gestionnaires à réévaluer leur approche dans les négociations avec les syndicats locaux. Une résolution rapide du conflit est impérative pour restaurer la confiance et l’apaisement social dans cette région où les infrastructures essentielles sont particulièrement vulnérables. Alors que la population attend le rétablissement du courant, cette coupure met en lumière des enjeux cruciaux pour l’avenir des territoires d’Outre-mer, notamment sur le plan de la gestion des services publics et des conditions de travail dans les entreprises stratégiques.