L’armée sud-coréenne a déclaré, samedi 9 novembre, que la Corée du Nord avait mené des attaques de brouillage du système GPS (Global Positioning System) le long de la frontière, affectant certains navires sud-coréens ainsi que des dizaines d’avions civils.
« La Corée du Nord a effectué des provocations de brouillage GPS dans les régions de Haeju et Kaesong hier et aujourd’hui », a annoncé l’état-major interarmées sud-coréen dans un communiqué, précisant que certains navires et de nombreux avions civils avaient subi des « interférences opérationnelles ». Les forces armées sud-coréennes ont alerté les navires et les avions opérant dans la mer Jaune du risque de nouvelles attaques de brouillage.
« Nous exhortons fortement la Corée du Nord à cesser immédiatement ces provocations et l’avertissons qu’elle sera tenue responsable de tout incident lié à ces interférences », ont ajouté les chefs d’état-major interarmées sud-coréens.
En mai dernier, Pyongyang avait déjà mené des actions similaires sans perturber les opérations militaires sud-coréennes.
Les experts jugent ces brouillages inquiétants, car ils présentent un risque réel de provoquer des incidents graves et de raviver les tensions dans la péninsule coréenne. Yang Moo-jin, président de la North Korea Graduate School à Séoul, estime que ces actions pourraient viser à détourner l’attention des récentes opérations militaires de Pyongyang en Russie ou à semer l’insécurité parmi les Sud-Coréens, en réaction aux récents exercices militaires de Séoul.
Cet incident survient une semaine après que la Corée du Nord a déclaré avoir testé son missile balistique intercontinental à combustible solide le plus avancé. En réaction, la Corée du Sud a procédé vendredi au tir d’un missile sol-sol à courte portée Hyunmoo, affichant sa détermination à « répondre fermement à toute provocation nord-coréenne » et sa capacité à neutraliser précisément les menaces ennemies. Les missiles Hyunmoo constituent une composante clé du système de frappe préemptive sud-coréen, surnommé « Kill Chain », destiné à contrer toute menace imminente.
Ahn Chan-il, directeur de l’Institut mondial sur la Corée du Nord et ancien transfuge, suggère que ces brouillages GPS pourraient permettre à Pyongyang de sécuriser ses communications militaires lors d’opérations stratégiques au pays et à l’étranger.
La Corée du Nord est devenue un soutien majeur de l’offensive russe en Ukraine. Séoul et les pays occidentaux l’accusent depuis longtemps de fournir des munitions et missiles à Moscou. Les services de renseignement signalent même que la Corée du Nord aurait envoyé environ 10 000 soldats en Russie, intensifiant ainsi son engagement dans le conflit.
Le mois dernier, Séoul a averti que la présence de soldats nord-coréens en Europe représenterait une escalade dangereuse.
Cette semaine, le président sud-coréen Yun Seok-yue a annoncé que Séoul pourrait désormais envisager de fournir des armes à l’Ukraine, une rupture significative avec sa politique de non-exportation d’armes vers les pays en conflit.
Enfin, le bureau présidentiel de Séoul a rapporté vendredi une recrudescence des cyberattaques menées par des hackers pro-russes depuis que la Corée du Nord a déployé des troupes pour soutenir la Russie en Ukraine.