Le Congrès mexicain a récemment adopté Vendredi un projet de loi controversé visant à dissoudre sept agences de surveillances indépendantes, un geste qui a suscité de vives critiques de la part des opposants politiques et des défenseurs des droits de l’homme. La réforme, soutenue par le gouvernement de la présidente Claudia Sheinbaum, propose de réintégrer ces organes de surveillance dans les structures exécutives existantes, une initiative qui, selon ses partisans, réduira la bureaucratie et les dépenses publiques. Toutefois, cette décision a été perçue par ses détracteurs comme une atteinte à la transparence et à l’indépendance nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie.
Le projet de loi a été approuvé par le Sénat mexicain, avec un vote de 86 contre 42, après avoir déjà franchi la Chambre des députés. La majorité des législatures des États contrôlées par le parti Morena, notamment celui de Zacatecas et de la capitale Mexico, semble prête à ratifier cette réforme. Pourtant, des figures de l’opposition, comme Alejandro Moreno Cárdenas, président du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), dénoncent ce démantèlement comme une menace pour les droits fondamentaux des citoyens et l’intégrité du processus démocratique.
Moreno Cárdenas a ainsi qualifié cette initiative d’« attaque directe contre les droits des Mexicains », saluant les agences de surveillance comme des garantes de la transparence et de la responsabilité gouvernementale. Parmi les organismes concernés par la réforme figure l’Institut national d’accès à l’information et de transparence (INAI), qui a joué un rôle crucial dans des affaires comme celle des 43 étudiants disparus d’Ayotzinapa, en obligeant le gouvernement à publier des informations sensibles.
Du côté du gouvernement, Claudia Sheinbaum et ses alliés de Morena défendent cette réforme en soulignant qu’elle permettrait de rationaliser l’administration publique et d’éliminer des structures considérées comme coûteuses et inefficaces. Sheinbaum a argué que cette réorganisation améliorerait la transparence, la rendant plus accessible et moins vulnérable à la corruption, tout en soulignant la réduction des dépenses publiques.
Cependant, les critiques s’inquiètent d’un affaiblissement de l’indépendance de ces institutions, qui sont censées agir comme des contre-pouvoirs aux éventuelles dérives du gouvernement. Ils craignent que cette centralisation sous l’exécutif ne mène à une politisation accrue des décisions et ne compromette l’impartialité des actions entreprises par ces agences.
L’INAI, en particulier, a été un acteur clé dans la lutte contre la corruption et a permis de faire la lumière sur des scandales de détournement de fonds publics. L’un des cas les plus notables est celui du « master scam », un vaste réseau de blanchiment d’argent public par des fausses entreprises. Sans l’intervention de l’INAI, de nombreux scandales, y compris celui des étudiants d’Ayotzinapa, n’auraient pas été rendus publics.
Les défenseurs des droits civils et des médias ont exprimé leurs préoccupations quant à la disparition de ces organes, qui représentent un outil fondamental pour la démocratie au Mexique. Fernando Nieto-Morales, professeur au Colegio de México, a déploré une érosion des freins et contrepoids institutionnels, élément essentiel au bon fonctionnement démocratique du pays.
L’avenir de la transparence au Mexique semble désormais incertain. Les millions de documents en possession de l’INAI et des autres agences de surveillance sont désormais sous une menace réelle, et leur gestion future soulève de nombreuses questions. Le cas de l’INAI, qui a été reconnu comme un modèle en matière de transparence par d’autres démocraties avancées, est un exemple de ce qui pourrait être perdu dans ce processus.
Alors que la réforme avance, la pression monte de la part des défenseurs des droits humains, des journalistes et des acteurs politiques opposés, qui continuent de réclamer la protection de l’indépendance des organes de surveillance et de la transparence au Mexique.