Un bras de fer juridique s’engage pour sauver l’Agence américaine pour le développement international
Washington, 7 février 2025 – Des associations de fonctionnaires fédéraux ont intenté une action en justice contre l’administration Trump afin d’empêcher la fermeture de l’USAID, l’Agence américaine pour le développement international. Cette initiative judiciaire intervient alors que le président Donald Trump, soutenu par son allié milliardaire Elon Musk, met en place un démantèlement progressif de l’agence en gelant son financement et en plaçant une grande partie de son personnel en congé forcé.
L’American Foreign Service Association (AFSA) et l’American Federation of Government Employees (AFGE), qui représentent des milliers d’employés fédéraux, ont déposé jeudi soir une plainte auprès d’un tribunal fédéral de Washington. Elles y dénoncent une manœuvre illégale et demandent la réouverture des bâtiments de l’USAID, la réintégration des employés et le rétablissement du financement de l’agence.« Le président Trump n’a pas le pouvoir unilatéral de fermer une agence créée par le Congrès », stipule la plainte.
Plus tôt dans la journée de jeudi, l’administration Trump a dévoilé un plan de réduction drastique du personnel de l’USAID, laissant en fonction moins de 300 employés sur un total de 8 000, parmi lesquels des agents contractuels et des employés internationaux répartis dans le monde entier.
Selon trois sources anonymes proches du dossier, ce plan a été présenté aux hauts responsables de l’agence jeudi et comprend : Une suppression de la quasi-totalité des postes : seuls 300 employés resteraient en fonction pour gérer les quelques programmes de sauvetage encore maintenus. Un gel généralisé des financements : la plupart des projets de développement et d’aide humanitaire financés par les États-Unis à l’étranger ont été suspendus depuis l’arrivée au pouvoir de Trump, le 20 janvier 2025. Un transfert des missions restantes sous l’égide du département d’État : l’administration Trump envisage de dissoudre l’USAID en tant qu’agence indépendante et d’intégrer ses missions restantes sous l’autorité du secrétaire d’État Marco Rubio.
Ce projet de démantèlement brutal de l’USAID a déclenché une vive opposition au sein du Congrès. De nombreux élus démocrates ainsi que des organisations de défense des droits humains dénoncent une action illégale et contraire aux intérêts diplomatiques américains.
« La fermeture de l’USAID ne peut se faire sans l’approbation du Congrès. Ce que fait Trump est une attaque directe contre l’un des piliers de notre politique étrangère », a déclaré un sénateur démocrate sous couvert d’anonymat.
De son côté, le secrétaire d’État Marco Rubio, lors d’un déplacement en République dominicaine, a tenu à rassurer sur la continuité de l’aide étrangère américaine :
« Nous allons continuer à fournir de l’aide à l’international, mais elle sera alignée sur nos intérêts nationaux et utilisée de manière plus efficace. »
Cependant, de nombreux observateurs estiment que cette restructuration n’a pour objectif que de réduire drastiquement l’influence américaine à l’étranger en matière d’aide humanitaire et de développement, au profit d’une politique plus isolationniste.
Le rôle d’Elon Musk dans ce projet soulève également des interrogations. Désormais à la tête d’un nouveau ministère de l’efficacité gouvernementale, Musk s’est vu confier la mission de réduire le budget fédéral et de rendre l’administration « plus agile et performante ».
Depuis le début du mandat, Musk et Trump ont fait de l’USAID une cible prioritaire, arguant que l’aide internationale américaine est inefficace et coûteuse. Leur objectif serait d’optimiser ces dépenses en concentrant l’aide sur des missions spécifiques jugées stratégiques pour les États-Unis.
« Ce que nous faisons, c’est rationaliser l’État et arrêter de gaspiller des milliards de dollars dans des programmes sans impact », a déclaré Musk lors d’un point de presse.
Cependant, cette approche est loin de faire l’unanimité, notamment chez les alliés des États-Unis, qui comptent depuis des décennies sur l’USAID pour stabiliser des régions en crise et lutter contre la pauvreté et les conflits.
Alors que la bataille judiciaire commence, le sort de l’USAID reste incertain. Si la justice tranche en faveur des fonctionnaires fédéraux, l’administration Trump pourrait être contrainte de rétablir l’agence. Mais si le président l’emporte, cela signifierait un tournant majeur dans la politique étrangère américaine, avec une réduction historique du rôle des États-Unis en matière d’aide au développement.
En attendant, des milliers d’employés de l’USAID sont en situation de chômage technique et des millions de bénéficiaires des programmes d’aide américains à travers le monde voient leur avenir compromis.