Washington, 16 février 2025 – Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, mènera une délégation en Arabie saoudite pour des discussions directes avec des représentants russes dans le but de trouver une issue à la guerre en Ukraine, qui dure depuis près de trois ans. Cette initiative diplomatique, qui marque un tournant majeur dans la politique étrangère des États-Unis, s’inscrit dans la prolongation des échanges récents entre le président américain Donald Trump et son homologue russe, Vladimir Poutine.
Un haut responsable américain, s’exprime sous couvert de l’anonymat, a précisé que ces pourparlers étaient encore à un stade préliminaire et que la composition de la délégation pourrait évoluer en fonction des développements. , aux côtés de Rubio, le conseiller à la sécurité nationale, Michael Waltz, et l’envoyé spécial au Moyen-Orient, Steve Witkoff, devraient néanmoins participer aux négociations qui auront lieu à Riyad.
Ce déplacement en Arabie saoudite intervient après un appel téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine, au cours duquel les deux dirigeants ont convenu d’entamer immédiatement des négociations en vue d’un règlement du conflit. Ce geste marque un changement radical dans la politique des États-Unis, qui avaient jusqu’ici adopté une position de fermeté à l’égard de Moscou, notamment par le biais de sanctions économiques et d’un soutien militaire à l’Ukraine.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les États-Unis et leurs alliés européens avaient en grande partie isolée Poutine sur la scène internationale. En 2023, la Cour pénale internationale avait même émis un mandat d’arrêt à son rencontre. Cependant, la nouvelle administration Trump semble privilégier une approche plus pragmatique en cherchant à ouvrir le dialogue avec Moscou.
L’un des points d’incertitude majeurs autour de ces négociations concerne la participation de l’Ukraine. Officiellement, aucune délégation ukrainienne n’a été conviée aux discussions de Riyad, bien que des responsables ukrainiens soient également présents en Arabie saoudite pour préparer une éventuelle visite du président Volodymyr Zelensky.
Ce dernier a toutefois réaffirmé qu’aucun accord ne pourrait être conclu sans l’implication directe de son pays. Andriy Yermak, un proche conseiller de Zelensky, a déclaré que l’Ukraine n’avait pas l’intention d’ouvrir des négociations directes avec la Russie tant qu’un plan clair pour une paix juste n’aurait pas été établi. De son côté, Mykhaïlo Podoliak, un autre conseiller présidentiel, a nié toute implication ukrainienne dans les pourparlers américains-russes.
L’Union européenne et d’autres alliés occidentaux suivent de près ces discussions et ont insisté sur la nécessité de jouer un rôle dans toute négociation visant à mettre fin à la guerre.
L’un des points sensibles de ces négociations est la question des territoires occupés par la Russie en Ukraine. Interrogé sur la possibilité que l’Ukraine doive céder une partie de son territoire pour parvenir à un accord de paix, Steve Witkoff a esquivé la question, préférant insister sur l’importance de construire la confiance entre les parties prenantes.
« Ce sont des détails importants, mais le plus crucial pour l’instant est d’instaurer un climat de confiance. Nous devons faire comprendre à tous que cette guerre ne peut pas durer indéfiniment et qu’elle doit cesser », a-t-il déclaré dans une interview à Fox News.
La Russie, de son côté, affiche un certain triomphalisme après ce revirement diplomatique de Washington. Les médias d’État russes ont salué ce qu’ils perçoivent comme une reconnaissance tacite du fait accompli sur le terrain et une légitimation du rôle de Moscou dans la région.
Ces négociations à Riyad pourraient marquer un tournant dans le conflit ukrainien et dans les relations internationales. Elles s’inscrivent dans un contexte de recomposition des alliances, avec une Russie de plus en plus tournée vers la Chine et le Moyen-Orient, et une Amérique de Donald Trump qui semble vouloir redéfinir son rôle sur la scène mondiale.
Reste à savoir si ces pourparlers aboutiront à une percée diplomatique significative ou s’ils ne seront qu’un nouvel épisode dans une guerre dont l’issue demeure incertaine.