Le vendredi 11 avril 2025, un responsable de l’opposition ivoirienne a annoncé que les principaux partis d’opposition, dont le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), quitteraient la Commission électorale indépendante (CEI) en raison de l’absence d’indépendance et de la partialité de l’organisme en charge de la préparation de l’élection présidentielle prévue pour le 25 octobre 2025.
Cette décision ne constitue pas un appel au boycott du scrutin, mais elle marque un tournant dans les tensions politiques qui secouent le pays depuis plusieurs mois. L’opposition, regroupée au sein de la Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAP), composé de 25 partis, dénonce depuis longtemps le manque de transparence et d’impartialité de la CEI, qu’elle accuse d’être sous l’influence du pouvoir en place.
Simon Doho, chef des députés du PDCI, a révélé lors d’une rencontre avec des militants que le PDCI, ainsi que la CAP, se préparaient à quitter officiellement la CEI. « Dans les heures à venir, le PDCI et la CAP vont quitter la CEI », a déclaré Simon Doho, confirmant ainsi la rupture avec l’organisme électoral. Un communiqué de l’opposition est actuellement en préparation pour officialiser cette décision.
Laurent Gbagbo, l’ex-président et leader du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), a également pris la parole, annonçant que son parti suspendait sa participation à la CEI. Gbagbo, candidat déclaré à la présidentielle, a refusé de « cautionner un processus électoral déjà marqué par l’exclusion, la fraude et la manipulation ». L’opposant est actuellement absent de la liste électorale provisoire, en raison d’une condamnation pénale, ce qui le rend inéligible à ce stade.
Du côté du PDCI, le président du parti, Tidjane Thiam, également candidat à la présidentielle, traverse une situation juridique complexe. Après avoir renoncé à sa nationalité française en février 2025 – condition sine qua non pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle – Thiam se voit aujourd’hui contesté par ses détracteurs qui estiment que cette renonciation pourrait le priver de sa nationalité ivoirienne en vertu du code de la nationalité. Une militante du PDCI, Valérie Yapo, a même saisi la justice pour annuler l’élection de Thiam à la tête du parti, bien que le tribunal d’Abidjan se soit déclaré incompétent pour trancher cette question.
Lors d’une réunion avec les militants, Simon Doho a dénoncé les attaques contre Thiam, s’interrogeant sur la crédibilité de ceux qui remettraient en cause sa nationalité ivoirienne. « Est-ce que quelqu’un de sérieux peut dire que Tidjane Thiam n’est pas ivoirien ? », a-t-il lancé. Pour sa part, l’avocat de Thiam, Me Mathias Chichportich, a affirmé que la procédure était « un premier pas vers la validation de l’élection de Thiam à la tête du PDCI ». Ce dernier est déterminé à voir un processus électoral loyal, inclusif et démocratique.
Le PDCI tiendra une convention officielle le 16 avril pour désigner formellement Tidjane Thiam comme son candidat à la présidentielle. En attendant, la situation politique en Côte d’Ivoire reste tendue, et la décision des partis d’opposition de quitter la CEI pourrait bien avoir des répercussions importantes sur le déroulement de la campagne électorale à venir.
La décision de l’opposition de se retirer de la Commission électorale soulève des interrogations quant à la transparence et à l’équité du processus électoral. La question de l’inclusivité du scrutin et du respect des droits de toutes les parties prenantes est désormais au cœur du débat politique ivoirien. Alors que la date de l’élection approche, l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile surveilleront de près l’évolution de la situation.