Le 11 avril 2025, lors de son discours au Forum diplomatique d’Antalya, le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé de vives accusations contre Israël, en l’accusant de vouloir « dynamiter » la révolution syrienne et de déstabiliser la Syrie pour des intérêts géopolitiques. Selon Erdogan, Israël poursuit une politique délibérée d’attisement des tensions ethniques et religieuses en Syrie, ce qui aurait pour conséquence de diviser davantage le pays et de soutenir des groupes minoritaires opposés au gouvernement syrien. Cette approche, selon le président turc, vise à maintenir la Syrie dans un état d’instabilité permanente, empêchant ainsi une résolution pacifique du conflit.
Erdogan a affirmé que la Turquie, en tant que voisin immédiat de la Syrie, avait un rôle fondamental à jouer dans la préservation de la stabilité régionale. Il a souligné que la Turquie ne permettrait pas à la Syrie de sombrer à nouveau dans l’instabilité, insistant sur le fait que le peuple syrien, déjà meurtri par des années de guerre, n’avait plus à endurer de nouvelles souffrances. Cette déclaration s’inscrit dans la continuité de la position de la Turquie, qui cherche à promouvoir une solution politique durable en Syrie, en s’opposant fermement aux interventions étrangères, et particulièrement à celles d’Israël.
Le discours d’Erdogan s’est également focalisé sur l’intensification des frappes israéliennes en Syrie et au Liban, lesquelles ont visé des infrastructures stratégiques comme des bases militaires et des aéroports. Le président turc a qualifié ces actions d’agression et de menace directe pour la stabilité régionale. Ces attaques israéliennes sont survenues dans un contexte de tensions croissantes entre Israël et les forces alliées à la Turquie, notamment après l’ascension au pouvoir d’Ahmad al-Chareh, qui a renversé Bachar al-Assad en décembre 2024, et qui occupe désormais la présidence syrienne par intérim. Cette situation a exacerbé les divergences entre les puissances régionales, Israël cherchant à maintenir son influence sur le territoire syrien, tandis que la Turquie soutient les forces alliées à al-Chareh.
L’ONU, dans une déclaration récente, a dénoncé ces attaques israéliennes comme une tentative manifeste de déstabilisation de la Syrie et de soutien à des factions rebelles. Erdogan a profité de cette tribune pour rappeler que la communauté internationale ne pouvait pas ignorer le rôle de certaines puissances, comme Israël, dans l’aggravation de la situation en Syrie. Selon lui, ces interventions risquent non seulement de prolonger le conflit, mais aussi de renforcer la fracture ethnique et religieuse qui déchire le pays, entravant ainsi tout processus de paix. Il a aussi ajouté que la Turquie, en tant que puissance régionale, continuerait à soutenir l’intégrité territoriale de la Syrie et à œuvrer pour une solution politique qui ne serait pas imposée par des puissances extérieures.
Au-delà de la situation en Syrie, Erdogan a également évoqué les événements tragiques à Gaza, dans un contexte de tensions croissantes entre la Turquie et Israël concernant la question palestinienne. Il a condamné avec la plus grande fermeté la frappe israélienne à Gaza, qui a tué dix membres d’une même famille, dont sept enfants. Qualifiant cette attaque de « barbarie », Erdogan a exprimé sa solidarité avec le peuple palestinien, en dénonçant les actions militaires israéliennes comme des violations flagrantes des droits de l’homme. Il a réitéré la position de la Turquie, qui a toujours soutenu la cause palestinienne et condamné l’occupation israélienne de la Cisjordanie et de Gaza.
Les relations entre la Turquie et Israël, déjà tendues ces dernières années, semblent être au point de non-retour, malgré les discussions techniques ayant eu lieu pour éviter une escalade supplémentaire en Syrie. Les divergences profondes entre les deux pays, notamment sur les questions syrienne et palestinienne, ont créé un fossé diplomatique difficile à combler. Erdogan a mis en lumière ces désaccords, tout en affirmant que la Turquie ne se laisserait pas intimider par les manœuvres israéliennes, qu’elles soient militaires ou diplomatiques. Le président turc a également souligné que son gouvernement continuerait à défendre avec fermeté les intérêts de son pays et à maintenir sa politique de soutien aux peuples opprimés, notamment en Syrie et en Palestine.
Les tensions entre la Turquie et Israël trouvent leur écho dans un contexte géopolitique régional de plus en plus complexe. L’intervention israélienne en Syrie s’inscrit dans un cadre plus large de rivalités régionales, où les intérêts des grandes puissances et des acteurs locaux s’entrelacent. La Turquie, en tant que membre de l’OTAN et puissance régionale, joue un rôle clé dans la configuration de la politique syrienne, notamment en soutenant certains groupes rebelles et en s’opposant à la présence militaire iranienne et russe en Syrie. Israël, de son côté, poursuit sa politique de maintien de l’équilibre militaire dans la région, avec un accent particulier sur la prévention de l’influence iranienne à ses frontières.
L’avenir de la Syrie demeure incertain, et les perspectives d’une résolution pacifique du conflit semblent s’éloigner, surtout avec l’augmentation des tensions entre puissances régionales. L’issue du conflit syrien pourrait avoir des répercussions profondes sur la stabilité de l’ensemble du Moyen-Orient. Les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu durable se multiplient, mais la guerre continue de déchirer le pays. Dans ce contexte, le rôle de la Turquie, sous la direction d’Erdogan, reste essentiel pour toute tentative de rétablir la paix dans la région.