Lima – En réaction à un massacre sanglant ayant coûté la vie à treize agents de sécurité dans une mine d’or du nord du pays, le gouvernement péruvien a annoncé lundi la suspension temporaire de l’exploitation aurifère dans le district de Pataz, ainsi que la mise en place d’un couvre-feu nocturne et d’une présence militaire renforcée.
Cette décision radicale intervient après la découverte macabre, dimanche, des corps de treize travailleurs dans un tunnel souterrain. Enlevés plus d’une semaine auparavant, les victimes étaient employées par un sous-traitant de la société minière Poderosa, l’un des plus grands producteurs d’or du pays.
Situé à près de 900 kilomètres au nord de Lima, le district de Pataz est depuis longtemps un foyer d’affrontements entre mineurs artisanaux, groupes criminels et forces de l’ordre. Malgré la déclaration d’état d’urgence dans la région depuis plus de deux ans, la spirale de violence n’a cessé de s’aggraver.
Selon les autorités et la compagnie Poderosa, au moins 39 travailleurs du secteur minier ont été tués dans la région ces derniers mois — un chiffre qui illustre l’ampleur de la crise sécuritaire autour de l’exploitation illégale de l’or.
« L’activité minière illégale rapporte aujourd’hui davantage que le trafic de drogue », a affirmé la présidente Dina Boluarte, dénonçant l’utilisation de méthodes terroristes par des groupes armés qui opèrent dans la zone.
Dans un discours solennel, la cheffe de l’État a annoncé que les forces armées prendront désormais le contrôle de la zone d’exploitation aurifère, avec la construction d’une base militaire permanente à Pataz. Elle a également déclaré vouloir demander au Congrès l’adoption d’une loi d’exception pour lutter contre ce qu’elle a qualifié de « terrorisme urbain ».
Le gouvernement a décrété une suspension de 30 jours de l’exploitation de l’or dans la région. Toutefois, selon la société Poderosa, cette suspension ne s’appliquerait qu’aux mineurs informels, laissant entrevoir un possible maintien partiel des activités industrielles légales.
Le ministre de l’Énergie et des Mines, Jorge Montoro, a précisé que cette pause pourrait être prolongée au-delà des 30 jours initiaux, sans toutefois donner de détails sur les modalités concrètes de la mise en œuvre de la mesure.
Les experts craignent déjà une montée des tensions sociales, alors que des milliers de familles dépendent de l’orpaillage artisanal pour survivre, souvent dans des conditions précaires et sans régulation.
Le Pérou est le plus grand producteur d’or d’Amérique latine et l’un des dix premiers au monde. Mais cette richesse s’accompagne d’une explosion de l’extraction illégale, nourrie par la corruption, l’impunité, et l’abandon de certaines zones rurales par l’État. Les groupes criminels, parfois lourdement armés, y trouvent un terrain fertile pour asseoir leur emprise.