Ottawa, 13 mai 2025 – À peine investi, le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney donne le ton. Ce mardi, depuis la colline parlementaire d’Ottawa, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre a officiellement présenté la composition de son gouvernement. Une équipe de 28 ministres, taillée sur mesure pour faire face aux grands défis de la décennie, où les relations bilatérales avec les États-Unis occupent une place centrale.
Face aux incertitudes générées par la politique protectionniste de l’administration Trump 2.0, et dans un contexte de recomposition des alliances économiques mondiales, Mark Carney entend faire du Canada un acteur proactif et agile. Son cabinet, résolument tourné vers l’expertise et la diplomatie économique, en est la première expression concrète.
Parmi les figures clés de cette équipe gouvernementale, Dominic LeBlanc, un vétéran libéral et proche allié de Carney, hérite du portefeuille crucial des Affaires intergouvernementales et du Commerce international. Il aura la lourde tâche de piloter les négociations commerciales avec les États-Unis, dans un contexte tendu marqué par le retour en force des droits de douane et la remise en question de plusieurs clauses de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).
Anita Anand, respectée pour sa rigueur lorsqu’elle était ministre de la Défense puis des Transports, est propulsée aux Affaires étrangères. Elle aura pour mission de redonner du souffle à la diplomatie canadienne, tout en poursuivant la diversification des partenariats commerciaux, notamment en Asie et en Europe. De son côté, Mélanie Joly, transfuge du ministère des Affaires étrangères, prend les rênes du ministère de l’Industrie, avec la charge de mener la transition technologique et énergétique du pays.
Fidèle à son engagement pour l’équité, Mark Carney a reconduit la parité hommes-femmes au sein du cabinet, poursuivant ainsi une tradition initiée sous Justin Trudeau. Mais il a aussi voulu envoyer un signal fort en matière de renouvellement et de représentativité. Gregor Robertson, ancien maire de Vancouver et militant écologiste, est nommé ministre du Logement, avec un mandat clair : accélérer la lutte contre la crise du logement qui frappe les grandes métropoles canadiennes. Marjorie Michel, issue du milieu hospitalier et nouvelle venue en politique fédérale, devient ministre de la Santé. Son profil technocratique incarne la volonté de moderniser le système de santé public, mis à rude épreuve depuis la pandémie de COVID-19.
Dans une déclaration à la presse, Carney a affirmé que « ce cabinet reflète le Canada que nous voulons bâtir : un pays ouvert, résilient, économiquement fort et socialement juste ».
Le gouvernement Carney entrera pleinement en fonction lors de la reprise des travaux parlementaires le 26 mai prochain. À cette occasion, le traditionnel discours du trône sera exceptionnellement prononcé par le roi Charles III, lors d’une visite symbolique à Ottawa. Ce moment solennel marquera à la fois l’ouverture officielle de la session parlementaire et la reconnaissance internationale de la nouvelle direction politique du pays.
Si l’opposition, menée par les conservateurs, promet un débat vigoureux sur les orientations économiques du gouvernement, l’entrée en scène de Mark Carney semble déjà bousculer les lignes. Ancien banquier central devenu chef de gouvernement, il s’attaque désormais à la plus complexe des équations : concilier croissance durable, justice sociale et stabilité géopolitique dans un monde en mutation.