L’ancien directeur du FBI James Comey est au centre d’une vive controverse après la publication sur Instagram d’une photo jugée ambiguë. Le cliché, montrant des coquillages formant les chiffres « 86 47 », a enflammé les réseaux sociaux, certains y voyant un appel déguisé à la violence contre Donald Trump, 47e président des États-Unis. Bien que Comey ait supprimé le post et nié toute intention malveillante, la tempête politique et judiciaire ne faiblit pas.
Tout est parti d’une simple image : sur une plage, des coquillages disposés en formation écrivent « 86 47 ». En apparence inoffensive, la légende accompagnant la photo évoquait « une formation sympa » croisée lors d’une promenade.
Mais pour de nombreux partisans de Donald Trump, ces chiffres ne sont pas anodins. Dans l’argot américain, particulièrement dans le jargon de la restauration, « 86 » signifie « supprimer » ou « éliminer ». Le chiffre « 47 » renvoie clairement à Donald Trump, redevenu président en 2025 après avoir été le 45e en 2016. Selon les critiques, cette publication serait une manière codée de dire « éliminez Trump ».
Face au tollé, Comey a rapidement supprimé la photo et publié une clarification : « Je ne savais pas que certains associaient ces chiffres à la violence. Ça ne m’est jamais venu à l’esprit, mais je m’oppose à toute forme de violence. »
Une défense jugée peu convaincante par ses détracteurs. Donald Trump Jr. a immédiatement réagi sur X (ex-Twitter), accusant Comey d’avoir « appelé au meurtre » de son père. Sur Fox News, Tulsi Gabbard, actuelle directrice du renseignement national, a réclamé l’arrestation de l’ancien chef du FBI, qualifiant son message de « dangereux et intentionnel ».
Le représentant républicain Andy Ogles est allé plus loin, adressant une lettre aux agences fédérales pour qu’elles ouvrent une enquête formelle. Il évoque deux potentielles violations : menace contre le président et diffusion de message menaçant à travers les États. Il a également demandé si Comey dispose encore d’un accès à des documents classifiés.
Les autorités américaines ont confirmé qu’une enquête était en cours. Kristi Noem, secrétaire à la Sécurité intérieure, a indiqué que le Département de la sécurité intérieure (DHS) et les services secrets « réagiront de manière appropriée ».
Le directeur actuel du FBI, Kash Patel, a assuré que son agence apportera « tout le soutien nécessaire ». À la Maison Blanche, James Blair, chef de cabinet adjoint, a dénoncé une « incitation ouverte aux terroristes et ennemis de l’Amérique à s’en prendre au président pendant qu’il est en déplacement au Moyen-Orient ».
Le hashtag #8647 n’est pas une nouveauté : il circule depuis mars sur TikTok et d’autres réseaux sociaux dans des publications d’opposants à Trump. Pour certains analystes, il s’agit d’un simple code militant appelant à la destitution politique du président, sans connotation violente.
Grok, l’intelligence artificielle de la plateforme X, a même précisé que l’expression signifie « se débarrasser de Trump » dans un sens politique, sans appel explicite à l’assassinat.
Ce n’est pas la première fois que James Comey et Donald Trump se retrouvent face à face sur le terrain de la controverse. Nommé par Barack Obama, Comey avait dirigé l’enquête sur l’utilisation d’un serveur privé par Hillary Clinton. Mais c’est surtout sa conduite de l’enquête sur les interférences russes dans la campagne de 2016 qui l’a mis en porte-à-faux avec Trump, qui l’a limogé en 2017.
Depuis, Comey est devenu un critique virulent de Trump, qu’il qualifie d’« inapte moralement » à diriger le pays dans ses mémoires publiés en 2018, A Higher Loyalty.
Même si l’intention initiale de Comey reste sujette à interprétation, cette affaire souligne une nouvelle fois l’extrême polarisation de la vie politique américaine. Entre appels à l’arrestation, accusations de menaces et débats sur la liberté d’expression, le message « 86 47 » pourrait bien devenir l’un des symboles les plus controversés de cette année électorale.