Coup de théâtre sur la scène politique roumaine : Călin Georgescu, ancien candidat d’extrême droite à la présidentielle, a annoncé son retrait de la vie politique, lundi 26 mai 2025. Figure controversée et provocatrice, cet ancien haut fonctionnaire de 63 ans avait défrayé la chronique en arrivant en tête du premier tour de l’élection présidentielle, finalement annulée par la Cour constitutionnelle en raison de soupçons d’ingérences russes et d’une campagne massive sur TikTok.
Dans une vidéo publiée sur YouTube, Georgescu déclare : « Je décide de rester dans une position neutre, sans affiliation politique. Ce n’est pas un renoncement. Je serai un observateur passif de la vie publique et sociale. » Pourtant, cette mise en retrait survient à un moment stratégique : il est convoqué au parquet mardi pour être interrogé au sujet de propos fascistes tenus publiquement, une infraction à la législation roumaine interdisant ce type de propagande.
Georgescu, qualifié par la presse d’« antivax mystique aux accents trumpiens », s’est illustré par des positions violemment anti-Bruxelles, un soutien passé à Vladimir Poutine, et une opposition radicale à l’aide militaire à l’Ukraine. Son exclusion du nouveau scrutin en mai avait déclenché des manifestations virulentes à Bucarest, certains manifestants criant au « coup d’État », accusant les institutions de bloquer la volonté populaire.
Le candidat qui l’a remplacé, George Simion, leader du parti ultranationaliste AUR (Alliance pour l’unité des Roumains), a été battu au second tour par le maire pro-européen de Bucarest, Nicușor Dan. Ce revers met un terme aux ambitions politiques immédiates de l’AUR et de Georgescu, que Simion avait promis de nommer Premier ministre en cas de victoire.
Accusé depuis février de fausses déclarations sur le financement de sa campagne, ainsi que d’incitation à des actes anticonstitutionnels, Georgescu dénonce une « machination d’un système corrompu à l’agonie » destinée à « justifier le vol des élections ». Son avenir politique semble désormais compromis, d’autant plus qu’il est soupçonné d’avoir cité favorablement Corneliu Zelea Codreanu, fondateur du mouvement fasciste de la Garde de Fer, en violation des lois roumaines.
La retraite de Georgescu, sur fond de scandale, d’échec électoral et de poursuites judiciaires, marque sans doute la fin d’un cycle politique houleux pour l’extrême droite roumaine. Reste à savoir si ce retrait sera durable, ou s’il s’agit d’une stratégie temporaire pour revenir plus tard sur la scène publique.