La campagne électorale néerlandaise s’est brutalement tendue cette semaine, après la publication d’un tweet polémique de Geert Wilders, chef de file de l’extrême droite. Une image relayée par le leader du Parti pour la liberté (PVV), perçue comme stigmatisante envers les musulmans, a déclenché un véritable tollé dans le pays. La hot-line nationale contre les discriminations, Discriminatie.nl, a reçu plus de 2 500 signalements en quelques jours — un record absolu depuis plusieurs années.
Le tweet, publié le 4 août sur la plateforme X (anciennement Twitter), montre une image générée par intelligence artificielle représentant deux visages côte à côte. D’un côté, une jeune femme blonde aux yeux clairs associée au logo du PVV ; de l’autre, une femme plus âgée, au regard dur, portant un foulard, accompagnée du sigle « PvdA », le Parti travailliste. « Le choix vous appartient, le 29/10 », en référence aux élections anticipées prévues aux Pays-Bas.
Rapidement, cette publication a été interprétée comme une opposition simpliste et provocatrice entre « l’Occident chrétien » et « l’islam », entre « les vrais Néerlandais » et « l’autre ». Ce message visuel, s’inscrivant dans une rhétorique identitaire clivante, a été dénoncé par de nombreuses associations, élus et citoyens comme une incitation à la haine.
Face à cette campagne jugée discriminatoire, la hot-line Discriminatie.nl a enregistré un afflux massif de signalements. Du jamais vu depuis 2020, lorsque l’organisme avait été inondé de plaintes après la diffusion d’une chanson raciste ciblant la communauté asiatique.
Dans un communiqué, un porte-parole de la plateforme a dénoncé une image « polarisante, stigmatisante et discriminatoire », qui chercherait explicitement à associer une religion à une menace. Les termes les plus souvent cités dans les commentaires reçus sont : « raciste », « haineux », « de mauvais goût ».
À ce stade, aucune procédure judiciaire n’a encore été engagée, mais la hot-line a annoncé envisager plusieurs options, dont une possible saisine de la justice. Plusieurs juristes estiment d’ores et déjà que le tweet pourrait enfreindre les lois néerlandaises contre les discours discriminatoires, notamment dans un contexte de campagne électorale.
Loin d’atténuer la controverse, Geert Wilders a poursuivi sa surenchère verbale dans les jours suivants.
« Les Néerlandais d’abord. L’islam n’a pas sa place ici », a-t-il réaffirmé sur X, ajoutant :
« Les criminels étrangers dehors. Nos filles doivent pouvoir marcher en sécurité dans nos rues. »
En juin dernier, le chef du PVV avait déjà provoqué la chute d’une fragile coalition à quatre partis, plongeant le pays dans une crise politique sur fond de désaccords sur la politique migratoire.
Les élections anticipées du 29 octobre s’annoncent cruciales. Geert Wilders espère capitaliser sur le climat de tension pour rééditer son exploit de novembre 2023, lorsqu’il avait propulsé son parti en tête du scrutin. Dans un contexte de polarisation croissante, la campagne électorale néerlandaise entre dans une phase particulièrement sensible.