Le 3 septembre 2025, la place Tian’anmen à Pékin s’est transformée en théâtre d’une démonstration de puissance sans précédent. Le plus grand défilé militaire de l’histoire moderne de la Chine a été orchestré pour célébrer le 80e anniversaire de la fin de la guerre de résistance chinoise contre l’agression japonaise et, plus largement, de la Seconde Guerre mondiale. Cette commémoration monumentale, pilotée par le président Xi Jinping, a réuni quatre géants géopolitiques – la Chine, la Russie, la Corée du Nord et l’Iran – dans une démonstration éclatante de force militaire et d’unité diplomatique, défiant subtilement la suprématie occidentale.
Sous les yeux de plus de 50 000 spectateurs, l’avenue Chang’an a vibré au rythme d’une parade d’une précision militaire irréprochable. Régiments d’élite de l’Armée populaire de libération (APL), chars de nouvelle génération, drones sous-marins, lasers de pointe, chasseurs survolant le ciel et missiles balistiques à capacité nucléaire ont défilé avec une synchronisation parfaite, illustrant la modernisation fulgurante et la puissance stratégique de la Chine. Depuis sa limousine Hongqi décapotable, Xi Jinping a passé en revue les troupes avec solennité, saluant leur discipline exemplaire et prononçant un discours dans lequel il a exalté « l’ascension irréversible de la nation chinoise » et réaffirmé la nécessité d’une armée invincible pour protéger la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale du pays. Une allusion directe aux tensions régionales et à la question de Taïwan.
La dimension diplomatique de l’événement a été tout aussi spectaculaire. La présence simultanée de Vladimir Poutine, Kim Jong-un et Massoud Pezeshkian a marqué une première historique. Ce qu’on a qualifié d’« Axe du bouleversement » a projeté l’image d’une unité géopolitique inébranlable. Kim, accompagné de sa fille Ju, a mis en lumière la position stratégique de la Corée du Nord, tandis que Poutine consolidait ses partenariats énergétiques avec Pékin et que Pezeshkian renforçait la coopération stratégique de l’Iran avec la Chine. La participation de 26 chefs d’État, contrastant avec l’absence quasi totale de leaders occidentaux, a souligné la portée diplomatique de cette alliance.
Le défilé s’est conclu par un geste hautement symbolique , le lâcher simultané de 80 000 colombes et 80 000 ballons, symbolisant la paix, la prospérité et l’optimisme, tandis que des centaines de milliers de spectateurs à travers le monde suivaient l’événement en direct. Cette démonstration magistrale a fusionné prouesses militaires, ambition diplomatique et mise en scène patriotique, consolidant la Chine comme un acteur incontournable sur l’échiquier mondial.
En parallèle, le président taïwanais Lai Ching-te et les autorités de l’île ont affirmé leur position distincte : « Taïwan n’utilise pas d’armes pour commémorer la paix », a-t-il déclaré lors d’une cérémonie au Sanctuaire national des martyrs de Taipei. Cette posture contraste avec la célébration chinoise et souligne les tensions persistantes dans le détroit de Taïwan, ainsi que la divergence de perception historique entre Pékin et Taipei.
Ce défilé ne se limite pas à une commémoration du passé : il constitue une déclaration stratégique. Par l’alliance de la puissance militaire, de la diplomatie ciblée et de la mise en scène patriotique, la Chine affiche sa capacité à fédérer des alliés majeurs et à contester la suprématie occidentale