Mardi 21 octobre 2025, l’aéroport international de Khartoum a de nouveau été visé par une attaque de drones, quelques heures seulement avant sa réouverture prévue pour des vols domestiques. Fermé depuis le début du conflit opposant l’armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Mohamed Hemedti, le site demeure au centre d’une capitale en proie à l’instabilité et au chaos.
Entre 4 heures et 6 heures du matin, des explosions ont retenti et des colonnes de fumée ont été observées autour du périmètre de l’aéroport. L’armée soudanaise a immédiatement déclenché ses systèmes de défense anti-aérienne pour tenter d’intercepter les engins. À ce stade, l’ampleur exacte des dégâts matériels n’est pas connue, mais cette nouvelle frappe met en lumière la vulnérabilité persistante des infrastructures stratégiques dans la capitale.
Mardi encore, les drones ont frappé ailleurs qu’en Ukraine, loin des frontières orientales de l’Union européenne, et presque personne n’en a parlé. Pourtant, depuis plus de deux ans et demi, le Soudan est plongé dans une guerre civile atroce, qui plonge ce pays déjà éprouvé depuis son indépendance en 1956 dans un cycle infernal de violence et de destruction. Aucun sommet international, aucune médiation effective, aucun plan diplomatique concret ne parvient à enrayer la spirale de mort et de misère, malgré les alertes répétées de l’ONU et des ONG.
Le terme « enfer » n’est pas exagéré pour décrire ce que vivent les quelque 50 millions d’habitants du Soudan, pays grand comme trois fois la France et riche en pétrole, or et minerais – une malédiction autant qu’une richesse. Au moins 150 000 morts ont déjà été recensés, soit plus du double des victimes à Gaza pour donner un ordre de grandeur. Près de 13 millions de déplacés survivent dans des conditions indignes, exposés aux bombardements, aux viols, aux enlèvements, aux exécutions sommaires et aux enrôlements forcés. Dix-sept millions d’enfants sont déscolarisés, les récoltes brûlées, les villages détruits et la famine rôde.
Depuis avril 2023, la guerre oppose officiellement l’armée soudanaise aux FSR, stoppant net la transition démocratique amorcée après la chute d’Omar Al-Bachir en 2019. Initialement motivé par des rivalités de pouvoir, le conflit a muté en affrontement ethnique entre populations arabisées du nord et communautés chrétiennes ou animistes du sud, rendant la violence encore plus incontrôlable et abjecte.
L’aéroport international de Khartoum est vital pour la distribution de biens essentiels et l’acheminement de l’aide humanitaire. Sa fermeture prolongée ralentit l’arrivée de nourriture, de médicaments et de matériel médical, aggravant la crise pour des millions de Soudanais. Les évacuations médicales et les déplacements civils sont également bloqués, accentuant l’isolement des populations.
Sur le plan économique, la fermeture perturbe le commerce et les chaînes d’approvisionnement, provoquant pénuries et hausse des prix. Le transport aérien domestique et international reste paralysé, affectant les compagnies aériennes et freinant les investissements étrangers. Dans un pays riche en ressources naturelles, cette paralysie logistique complique toute tentative de relance économique ou de reconstruction.
Les frappes de drones montrent que les FSR disposent désormais d’armes modernes, capables de frapper à distance et de maintenir la pression sur les forces loyalistes, même après leur éviction partielle de Khartoum. Chaque attaque rappelle que la capitale reste vulnérable et que le retour à la normale, symbolisé par la réouverture de l’aéroport, reste loin d’être assuré.
Pour les autorités soudanaises, sécuriser Khartoum et rétablir le trafic aérien normal sont des défis immenses. La population, quant à elle, vit sous la menace constante, tandis que l’économie et les opérations humanitaires peinent à redémarrer. Le Soudan continue de payer le prix d’une guerre totale, où la survie des civils et la stabilité du pays restent suspendues à l’ombre des drones.



























