Tokyo, Japon – Le Parlement japonais a élu mardi Sanae Takaichi, 64 ans, comme première femme Premier ministre du pays. Figure ultraconservatrice du Parti libéral-démocrate (PLD), elle succède à Shigeru Ishiba, contraint à la démission après deux revers électoraux, mettant fin à trois mois de vide politique.
Malgré ce succès, sa coalition reste fragile : sans majorité absolue dans les deux chambres, elle devra compter sur d’autres partis pour faire adopter ses réformes, un défi qui pourrait limiter la durée de son mandat.
La nouvelle Première ministre japonaise, Sanae Takaichi, surnommée la « Dame de Fer » en référence à Margaret Thatcher, a insisté sur l’urgence de reconstruire le Japon lors de son discours inaugural. Elle a déclaré :
« Je tiendrai mes promesses. La reconstruction du Japon ne pourra réussir qu’en unissant toutes les générations et en impliquant chacun. Nous ne sommes que quelques-uns, et je demande à chacun de travailler sans relâche. Pour ma part, j’abandonne l’idée de concilier vie professionnelle et vie privée : je travaillerai avec détermination, persévérance et humilité. Je sollicite votre guidance et votre soutien pour mener à bien cette mission. »
Elle a souligné que le redressement du pays et la revitalisation du PLD exigeraient un engagement collectif et constant dans tous les domaines de responsabilité.
Dès sa nomination, Takaichi a annoncé un « programme économique » pour lutter contre l’inflation et répondre à la pression croissante des ménages face à la hausse des prix. Sur le plan international, elle devra gérer la visite prochaine de Donald Trump au Japon, discuter des investissements japonais aux États-Unis (550 milliards de dollars), et répondre aux attentes américaines en matière d’énergie et de défense. Elle devra également naviguer dans un contexte géopolitique tendu, marqué par les crises en Asie-Pacifique, au Moyen-Orient et en Ukraine.
Si son accession au pouvoir est historique, le gouvernement déçoit sur le plan de la parité : seules deux femmes ont été nommées ministres, un chiffre inchangé par rapport à l’administration précédente. La stabilité de son mandat dépendra donc de sa capacité à maintenir une coalition fragile, à gérer les tensions politiques internes et à mettre en œuvre ses réformes économiques et sociales.
À Nara, sa ville natale, les réactions sont partagées. Certains saluent son parcours et sa détermination : « Elle a travaillé dur pour en arriver là », confie Satoshi Sakamoto, retraité de 73 ans. D’autres expriment des inquiétudes face aux défis économiques et à la hausse des prix : « La vie devient difficile pour beaucoup de familles », note Satoe Tominaga, 77 ans.
Au-delà des critiques et des attentes locales, Sanae Takaichi hérite d’un Japon à la croisée des chemins : entre la nécessité de renforcer la stabilité économique, de moderniser l’État et de défendre ses intérêts stratégiques sur la scène internationale, sa capacité à concilier ces priorités déterminera la réussite ou l’échec de son mandat.



























